Sethnakht fonde la XXe dynastie
Article mis en ligne le 9 juillet 2008
dernière modification le 7 juillet 2008

La fin de la XIXe dynastie, pourtant si brillante sous le règne de Ramsès II-, voit l’Égypte en proie à une anarchie de plus en plus grande. Les successeurs du grand pharaon n’ont pas la force de caractère suffisante pour s’imposer. Pire, un Syrien, Larsou, profite du délabrement du pouvoir central pour prendre les rênes du pays. Il faudra toute la lucidité et la volonté d’un Égyptien de souche, Sethnakht, pour détrôner l’usurpateur et donner naissance à la XXe dynastie.

L’Égypte flamboyante que Ramsès II a contribué à édifier tout au long de son règne est à l’agonie. Ses descendants, des pharaons plutôt falots, n’ont pas l’envergure du grand bâtisseur.

Usurpations, complots répétés, pouvoir central affaibli, la puissance du pays s’effrite, menacée de toutes parts, par les Libyens à l’ouest, les Indo-Européens à l’est. Les chefs des provinces sont pratiquement indépendants.

A la mort de Ramsès-Siptah - dernier représentant de la dynastie et dont on ignore tout du règne si ce n’est la régence peu appréciée de sa mère, Taousert, veuve de Séthi Ier son père -, le désordre est tel qu’un Syrien du nom de Iarsou profite de la conjoncture catastrophique pour se faire proclamer pharaon. Larsou est un simple notable qui a noué des relations avec Bay, chancelier et peut-être amant de Taousert. Bay, ancien scribe royal de Séthi, nommé chef du Trésor, est un politicien sans scrupules pour qui seuls comptent ses intérêts propres. Il voit dans l’’usurpation de Iarsou, son complice, un moyen supplémentaire de s’enrichir.

Larsou apparaît comme un tyran doublé d’un impie, qui n’hésite pas à voler et à saccager les temples sacrés. « Il fit en sorte que le pays tout entier lui apportât des présents. Par la suite, il rassembla ses hommes et pilla tous les biens. Ils firent des dieux de simples hommes et aucune offrande ne fut plus consacrée dans les sanctuaires. » Le peuple égyptien gronde, poussé par le clergé d’Amon, lassé des exactions du Syrien. C’est ce même clergé qui soutient la rébellion d’un Égyptien de souche, Sethnakht - probablement un militaire de haut rang ou un dignitaire de la cour.

Sethnakht, raconte le papyrus Harris à travers l’hommage de son fils Ramsès III, « remit de l’ordre dans tout le pays qui était en révolution. Il tua les hommes perfides qui vivaient dans le pays bien-aimé. Il purifia le grand trône d’Egypte et devint le souverain du Double Pays, sur le trône d’Atoum. Il redressa les visages tournés vers la terre et chacun reconnut en lui son frère (...). Il restaura les temples des cités, les chargea à nouveau d’offrandes. »

Les événements qui mènent Sethnakht sur le trône sont obscurs. Il est simplement possible d’en tenter une reconstitution. Face à l’aventurier syrien - qui s’appuie sur la cupidité de Bay et son réseau de relations grassement payées -, Sethnakht prend le parti du peuple et du clergé, trouvant ainsi l’occasion de s’emparer à son tour du pouvoir. Tout comme Bay, il a des amis hauts placés, surtout dans l’armée. La guerre civile qui oppose les deux camps favorise les desseins de Sethnakht. Ce dernier fait tuer Bay, chasse le Syrien et monte sur le trône avec la bénédiction des prêtres d’Amon. Une stèle découverte à Eléphantine nous apprend que « les ennemis qui étaient devant lui s’enfuirent plus vite que des petits oiseaux, pendant que l’aura du faucon les poursuivait. Ils abandonnèrent sur place l’or et l’argent de l’Égypte volés par les Asiatiques (...). L’an 2, le second mois de la saison sèche, le
dixième jour, il ne restait plus de rebelles, en aucun pays.)) Il faut donc deux ans à Sethnakht pour mettre fin à cette époque de misère et de fronde. Pour que rien ne subsiste de cette période obscure, le nouveau roi fonde la XXe dynastie et martèle les effigies de ses prédécesseurs, comme il est de coutume en Égypte.

A l’aube d’un nouveau rayonnement

es historiens supposent que Sethnakht n’est plus tout jeune quand il monte sur le trône d’Egypte. La reine Tiyi-Meryaset (« Tiyi aimée d’Isis ») lui donne un fils, Ramsès, qu’il désigne immédiatement comme son héritier pour éviter toute nouvelle tentative d’usurpation. Quand son père monte sur le trône, Ramsès, le futur Ramsès III, n’est plus un enfant mais un jeune homme plein de vigueur.

momie de Ramsès III

On ne sait pratiquement rien sur le règne de Sethnakht, si-non qu’il a fait face aux menaces conjuguées des Libyens qui, à l’ouest, se font pressants, et des Peuples de la Mer qui deviennent de plus en plus agressifs. C’est son héritier qui en viendra à bout plus tard. Le changement de dynastie semble avoir eu lieu dans une certaine continuité. Sethnakht fait de nouveau confiance à l’ancien vice-roi de Koush, Hori, fils de Ka ma, nommé par Mineptah-Siptah. Il entreprend des travaux de réhabilitation à Médinet-Habou, Karnak, Memphis et Serabit el-Khadem.