Ramsès III repousse les peuples de la Mer
Article mis en ligne le 25 août 2008
dernière modification le 26 août 2008

Après avoir conquis l’empire hittite, la Cilicie et Chypre, la terrible coalition des Peuples de la Mer descend vers le sud le long des côtes phéniciennes. Conscient de la menace qu’elle représente, Ramsès III se dresse comme le dernier rempart de décompte. Il affronte l’envahisseur au cours d’une formidable bataille, à la fois terrestre et navale, et sauve le pays du désastre.

Au Proche-orient, la première moitié du IIe millénaire avant Jésus-Christ est une époque troublée. L’un des grands bouleversements est représenté par l’invasion de peuples asiatiques, lancés à la recherche de nouveaux territoires où se fixer.

Des envahisseurs asiatiques menacent l’Égypte

L’empire hittite et Mycènes - la puissante cité grecque - étant rayés de la carte, c’est désormais à l’Égypte de tenter de refouler la vague de migrants sur le point d’aborder les rivages du delta du Nil. Portés par leur élan, les Peuples de la Mer ne s’en tiennent pas à leurs premières conquêtes. Après avoir fait étape en Syrie, ils repartent avec leurs familles, entassées dans de lourds chariots tirés par des bœufs. Sur mer, la flotte, naviguant à vue, se tient toujours prête à soutenir les marcheurs. Ces guerriers accompagnés de femmes et enfants ont pour objectif d’atteindre l’Égypte, où ils ont la ferme intention de s’installer.

Sous la poussée des envahisseurs, les populations locales fuient. De nombreux réfugiés affluent en Égypte. Voyant venir le danger, Ramsès III envoie aussitôt des messagers à tous les postes-frontière de l’est. L’ordre est de résister à tout prix en attendant le renfort de l’armée royale. Le souverain est parfaitement informé sur la tactique de combat particulière aux Peuples de la Mer :leur progression terrestre s’accompagne d’attaques navales contre les côtes adverses. Il fait donc mettre les embouchures du Nil en état de défense. Les villes littorales sont pourvues d’enceintes fortifiées et des archers sont postés le long du rivage. A l’arrière, des troupes d’assaut expérimentées et la charrerie se tiennent prêtes à intervenir. Afin de prendre l’adversaire en tenaille, une escadre de combat appareille vers le large, où elle forme un véritable rempart.

Ramsès III vainqueur sur terre

Ramsès III quitte sa capitale du Delta, Pi-Ramsès, et se porte à la rencontre de l’ennemi en Palestine. Ses forces sont appuyées par les troupes de princes locaux et les Maryannou, nobles syriens dont la charrerie est particulièrement réputée et performante. La confrontation est particulièrement violente. Pharaon, sur son char, prend la tête de l’armée égyptienne. Dans la bataille, il est partout : pour-fendant l’adversaire, volant au secours des uns, encourageant les autres. La confusion est extrême. Les civils ennemis sont pris de panique. Les attelages des chars à bœufs sont livrés à eux-mêmes au beau milieu de la bataille provoquant le , plus grand remordre et piétinant les cadavres. Ramsès III défait les envahisseurs sans coup férir. Les rares survivants sont capturés et voués à l’esclavage. Seule une partie des Philistins parvient à échapper à ce cruel destin. Ils vont s’installer en Palestine - à laquelle ils laisseront leur nom

Le danger éliminé sur terre, la menace peut encore venir de la Méditerranée. La flotte des Peuples de la Mer se dirige vers l’embouchure d’un des bras orientaux du delta du Nil. Mais Pharaon est prêt à les recevoir.

Ramsès III

Une terrible bataille navale

Fort habiles dans la navigation fluviale, les égyptiens ne sont pas de grands marins. Ils craignent les caprices et les colères de la « Toujours Verte » (ouadj our). cependant, la bataille se déroulant tout près de la côte - sans doute près de Péluse, à l’est du Delta aux confins du Sinaï - ils ont toutes leurs chances. Les rangées d’archers postées sur le rivage assaillent les navires ennemis en leur décochant des volées de flèches. A bord des vais seaux égyptiens, d’autres archers tirent d’incessantes salves. Des soldats jettent des grappins pour se lancer à l’abordage. Alors que la bataille fait rage, une escadre égyptienne surgit du large. L’ennemi est surpris par ces lourds vaisseaux manœuvrés par des rameurs - dont les siens sont dépourvus. Les voiles carguées pour permettre le débarquement des troupes rendent tout fuite impossible. Perchés dans la mâture, les frondeurs de Pharaon criblent l’adversaire de projectiles.

Marqués au fer rouge

Plusieurs nefs ennemies chavirent. D’autres, le mât brisé, vont s’échouer brutalement. Des cadavres par centaines sont roulés par la houle. Les rescapés qui parviennent au rivage sont attendus par Pharaon et ses fantassins. Ceux qui échappent au massacre sont capturés. Marqués au fer rouge au nom de Ramsès III, ils vont rejoindre la cohorte des esclaves offerts aux temples d’Amon, à qui la victoire est dédiée. Les plus jeunes échappent au sort commun en s’enrôlant dans l’armée royale.

Les Peuples de la Mer définitivement écrasés, l’Égypte est sauvée de l’invasion et de l’asservissement. Mais les victoires du dernier des grands pharaons ne font que retarder la décadence qui s’annonce.