L’Histoire d’Ounamon
Article mis en ligne le 29 août 2008
dernière modification le 26 août 2008

L’Histoire d’Ounamon (connu sous le nom des Mésaventures d’Ounamon ou tout simplement Ounamon) est un texte égyptien écrit en hiératique en égyptien tardif. On ne connaît ce texte que par une copie, incomplète, retrouvée en 1890 à El Hibeh, en Égypte. Acheté au Caire par l’égyptologue russe Vladimir Semenovitch Golenichtchev (Caminos 1977:1), le papyrus réside désormais dans la collection du musée Pouchkine à Moscou, intitulé officiellement Papyrus Pushkin 120. Le texte hiératique fut publié en 1960 dans Korostovcev, et le texte en hiéroglyphe fut publié pour la première fois en 1932 par Gardiner.

Le texte

Le texte se situe dans l’an 5, probablement la cinquième année de « renaissance » du pharaon Ramsès XI, dixième et dernier roi de la XXe dynastie - période qui correspond à sa 19e année de règne. Egberts (1991) avance plutôt l’hypothèse qu’il s’agisse de la cinquième année de règne de Smendès Ier, premier roi de la XXIe dynastie. Cette théorie suppose que le grand prêtre Hérihor succéda à Piankh (ordre normalement inversé), et n’a pas trouvé un engouement marqué au sein des égyptologues.

Ounamon, ambassadeur du domaine d’Amon à Karnak est chargé par son supérieur, le grand prêtre Hérihor, de se rendre à Byblos, cité phénicienne, afin d’aller chercher le bois nécessaire à la reconstruction de la grande barque Ouserhat, qui sert à transporter la statue d’Amon sur le Nil lors de la fête d’Opet Après avoir donné ses lettres de créances à Smendès Ier et Tentamon à Tanis, les responsables de Basse-Égypte, Ounamon est envoyé sur un navire affrété par eux. Il s’arrête au port de Dor, dirigé par le prince Tjeker Beder. Ounamon est volé par un des marins au cours de cette courte pause. Ainsi, quand il arrive à Byblos, il ne peut présenter ni ses lettres de créances, ni les cadeaux diplomatiques, et le prince de Byblos refuse de le voir dans un premier temps. Après avoir obtenu une audience avec le prince Zakar-Baal, les négociations commerciales commencent enfin. Entre l’envoie d’échantillons par le prince et du paiement par Smendès et Tentamon, il s’écoule environ un an d’attente à Byblos. Au retour, une tempête le jette sur Alashiya (Chypre), où il manque d’être tué par des habitants qui veulent piller le navire, avant de recevoir la protection de la reine Hatbi. Le manuscrit s’arrête ici.

Analyse

On a longtemps pensé que l’Histoire d’Ounamon avait une réalité historique, probablement écrite par Ounamon lui-même, racontant ses aventures. Cependant, depuis les années 1980, des analyses poussées du texte et du support démontrent qu’il s’agit d’une fiction [1], point de vue accepté par une grande partie des égyptologues professionnels travaillant sur ce texte.

Une analyse littéraire, menée par Egberts [2] étudie le style, l’ironie, la rhétorique des dialogues, les images, la réflexion politique, théologique et culturelle sous-entendue. Des points grammaticaux particuliers laissent également transparaître la nature littéraire du texte. Les études paléographiques datent le document vers la XXIIe dynastie [3], et la présence de quelques anachronismes pourraient attester de cette origine tardive [4]. Le récit, qu’il soit un document administratif ou une fiction, reflète en tout cas bien la situation politique de la fin de la XXe dynastie [5].

Il est une mine d’informations sur le droit et la pratique des échanges internationaux de l’époque.