Avec le règne de Ramsès XI prend fin la XXe dynastie. L’Égypte n’est plus aussi puissante que par le passé. Sous le Nouvel Empire, elle affichait un richesse et un raffinement inégalés. Désormais, le pays entre dans une phase de décadence et son emprise sur ses voisins ne cesse de diminuer. Depuis sa capitale Pi-Ramsès, située dans le Delta oriental, Ramsès XI, dont le pouvoir reste limité, a bien du mal à gérer son royaume.
Le clergé d’Amon, établi à Karnak, est de plus en plus riche et de plus en plus puissant. Pharaon ne peut désormais agir à sa guise. Autrefois, le vizir le secondait dans l’administration du pays, un vice-roi gouvernait en son nom les terres de Nubie, et les grands prêtres s’осcupaient de leurs temples et du bien-être des divinités. Désormais le clergé d’Amon est omniprésent. Ses richesses sont considérables. Il gère la plupart des temples d’Égypte, possède des domaines immenses et la plus grande partie de la flotte égyptienne. Il contrôle l’artisanat, le commerce et perçoit en outre une grande part des tributs livrés au pharaon par les pays soumis.

Herihor au pouvoir
A l’époque de Ramsès XI, le vice-roi de Koush, un dénommé Panehesy, a déjà vu ses pouvoirs limités. Le grand prêtre d’Amon, lui, contrôle soi-disant au nom du roi le sud du pays, mais il se montre de plus en plus indépendant par rapport au trône et agit surtout pour son propre compte. A la mort du grand prêtre Amenhotep, Panehesy est envoyé à Thèbes pour reprendre en main la région, troublée par une rébellion. Ayant ainsi évincé le vice-roi, Herihor, dont les origines restent obscures, se voit attribuer la charge de grand prêtre d’Amon.
Il s’octroie les titres de vice-roi de Koush et de vizirdu Sud, jouissant ainsi d’une puissance incontestée dans les régions méridionales. Il commande également l’armée, avec le titre de « guide de l’armée de l’Égypte entière ». C’est la première fois qu’un seul homme détient toutes ces charges en même temps. Les inscriptions qui le nomment ne donnent аucune indication quant à sa parenté. Seuls ses fils, dont les noms sont d’origine libyenne, sont parfois cités.

Herihor « fils d’Amon »
Maître du sud de l’Égypte, le grand prêtre Herihor en vient à se considérer comme l’égal de Pharaon. Fort de sa puissance, il fait inscrire son nom et ses titres dans des cartouches, privilège jusque-là réservé au seul roi. Il se fait par ailleurs appeler « fils d’Amon à Karnak, il se fait représenter de la même taille que Pharaon et vêtu comme lui. Herihor détient désormais le pouvoir sur le sud du pays au même titre que Ramsès XI, qui règne sur le Nord et qui a, semble-t-il, accepté le partage de son royaume. Herihor règne de 1080 à 1074 avant J.-C. et meurt quelques années avant Ramsès. Les grands prêtres d’Amon qui lui succéderont gouverneront le Sud pendant près d’un demi-siècle, jusqu’à la XXIIIe dynastie. Leur pouvoir s’efface ensuite devant celui des divines adoratrices d’Amon. Hérihor entreprend des aménagements dans le temple de Khonsou à Karnak, où il ouvre une cour et décore des pylônes de scènes gravées. Il prend également des mesures efficaces pour restaurer et conserver les momies royales dépouillées et malmenées par les pilleurs de tombes, comme celles de Séthi Ier et de Ramsès II.
Herihor prend pour épouse Nedjemet, qui est peut-être une sœur de Ramsès. Elle meurt en l’an 1 du règne de Smendès, successeur de Ramsès XI, cinq ans après son époux. Sa momie reposait dans la cachette royale de Deir el-Bahari, découverte en 1881. Un papyrus, représentant le Livre des morts, magnifiquement illustré et portant le nom des deux époux, fut retrouvé parmi le mobilier funéraire de Nedjemet. Proposé sur le marché des antiquités, il est actuellement conservé au British Museum à Londres. La sépulture d’Hériror, quant à elle n’a jamais été mise au jour !