Aménophis Ier
Article mis en ligne le 13 janvier 2020
dernière modification le 24 décembre 2019

Pharaon de la XVIIIe Dynastie

1514 - 1493 avant J.C.

Fils et successeur d’Ahmôsis et d’Ahmès Néfertari, Aménophis Ier fut le deuxième roi de la XVIIIe dynastie, sous le nom de Djéserkarê , "Le ka de est inaccessible".

Son père mourut avant qu’il ne fut en âge de régner ; sa mère, femme de caractère, tint alors le rôle d’une régente énergique, et n’est pas étrangère aux réformes religieuses et politiques qu’il entreprit. Il régna un peu plus de vingt ans, et poursuivit la campagne de restauration de monuments menée par son père.
Sous son règne, des expéditions en Nubie visèrent à restaurer l’autorité égyptienne et à rouvrir l’accès vers l’or de Kouch et les curiosités exotiques africaines. Il éleva un temple dans l’île de Saï et nomma Touri à la charge nouvellement crée de vice-Roi de Kouch.

Au sortir de l’affrontement avec l’Est asiatique, et la Nubie faisant pression au Sud, l’empire thébain était exsangue, et ses moyens politiques limités par un cruel manque de ressources.

Aménophis Ier, cherchant à faire oublier l’épisode humiliant de la domination Hyksôs, se tourna vers des modèles considérés comme appartenant à l’âge d’or.
Aussi se réfère-t-il à la XIIe dynastie et spécialement, en ce qui concerne Karnak, à l’œuvre de Sésostris Ier. C’est ainsi qu’il restitua les monuments dans le style propre à leur époque et, à Karnak, les prolongea par ses propres édifices construits en calcaire. Ce retour au classicisme par le truchement du postiche, se constate dans l’expression graphique et littéraire. Aménophis Ier mit en place une politique consistant à inventorier et à copier systématiquement les oeuvres anciennes. Les courtisans remployèrent des tombes du Moyen Empire, tant par goût esthétique de cette époque, que pour des raisons économiques.

Cette époque se tourne vers un passé glorieux, mais elle n’hésite pas pour autant à innover. Le règne d’Aménophis Ier, marqué par la coïncidence entre le début de l’an et une période sothiaque (voir calendrier) apparaît comme un renouveau économique, artistique et littéraire, cherchant son encrage dans la tradition. A Karnak, Aménophis Ier lia le culte royal au culte d’Amon. Une barque sacrée portative abritant la statue oraculaire d’Amon-Rê, se substitue au brancard supportant l’effigie divine que l’on transportait lors des sorties solennelles. Cette barque sacrée était abritée, sur son trajet, par une chapelle de calcite, premier reposoir de barque connu. Le roi intervint dans la reforme du culte divin journalier, aussi bien sur le plan formel, que dans l’établissement du calendrier des solennités religieuses.

Outre les fondations thébaines, Aménophis Ier dédia aussi un temple à Nekhbet d’Elkab, divinité tutélaire de la royauté du sud, car le nome avait apporté un soutien actif aux Thébains lors de la guerre de reconquête contre les Hyksos.

Les nouveautés caractérisant sont règne ne touchaient pas seulement au domaine du culte divin, mais aussi à la nature même du complexe funéraire royal : la tombe, qui n’est pas encore située dans la Vallée des Rois, mais à Dra Abou’l Nâga, dans la nécropole des souverains de la XIIe dynastie, est séparée du lieu du culte funéraire royal. Celui-ci se trouvait dans le cirque montagneux de Deir el-Baharî. Il a dé être masqué par la construction du temple funéraire de la reine Hatshepsout. Une autre fondation, double, destinée au culte d’Aménophis et de sa mère, a été découverte au pied de la nécropole de Dra Abou’l Nâga.

Si l’emplacement de sa tombe, déjà violée à la XXe dynastie, demeure incertain, sa momie a été retrouvée intacte dans la Cachette de Deir el-Baharî, remmaillotée et dotée d’un cartonnage lors de sa ré inhumation par les rois prêtres de la XXIe dynastie, suite à la constatation des pillages systématiques des tombes royales. Elle est la seule momie royale à n’avoir pas été "autopsiée".

Aménophis Ier créa la corporation des "ouvriers de la Tombe", chargés du creusement et de la décoration de l’hypogée royal. Il fonda, afin qu’il leur servît de résidence, le village nommé Place-de-Maât, qui correspond à Deir el-Médîna, du nom du couvent qui domine la vallée ou se niche la petite agglomération. Considéré par les Thébains comme un saint fondateur, il fut rapidement divinisé par les ouvriers des chantiers royaux et devint le patron de la rive occidentale de Thèbes. Sa fête était célébrée au cours du septième mois du calendrier, qui prenait le nom de "celui d’Aménophis". Des lieux de culte s’instituèrent autour de fondations et de statues dédiées à ce souverain. Ces lieux étaient fréquentés à cause de l’oracle attaché à ce culte posthume du roi divinisé, presque toujours associé à sa mère Ahmès Néfertari.