Le complexe funéraire
Le complexe, fortement ruiné, est dominé par le massif de briques, ancien noyau de la pyramide autrefois revêtu d’un parement de calcaire fin de Tourah. Composé d’une chaussée, d’un temple funéraire et d’un temple de la vallée, le plan est orienté classiquement suivant l’axe est-ouest contrairement au complexe construit par le père d’Amenemhat III, Sésostris III.

Une chaussée prenant son origine dans la vallée, mène à un temple dit « temple de la vallée ». De celui-ci s’ouvre une large avenue débouchant au temple funéraire accolé à la face est de la pyramide. Fait inhabituel, une vaste construction, sans doute un temple, borde le côté nord de cette avenue.
Un premier mur à redans ceint la pyramide et un deuxième mur clôt l’ensemble funéraire. Le temple funéraire est de plan très simple lorsque l’on considère les constructions antérieures [1] mais le temple bordant l’avenue est sans équivalent connu.
Il s’agit également du premier complexe (et l’un des seuls) à n’être muni d’aucune pyramide subsidiaire. Autre fait exceptionnel, il semble qu’il n’y ait jamais eu de chapelle accolée contre la face nord de la pyramide.
La pyramide
La pyramide a une base de cent-cinq mètres de côté et une hauteur de soixante-quinze mètres à l’origine. L’angle d’inclinaison de ses faces était de 57° 15’ 50". La superstructure est entièrement construite en briques crues et est dépourvue de murs de renforts (comme il était de coutume jusqu’alors durant la XIIe dynastie). Le massif était recouvert d’un parement constitué de gros blocs de calcaire fin de Tourah. Fait peu commun, la pyramide possède deux entrées, une sur la face est et l’autre sur la face ouest. Ces accès donnent sur un réseau de galeries et de chambres d’une complexité que l’on ne retrouve que dans la première pyramide d’Égypte, la pyramide de Djéser. Plusieurs reines furent inhumées dans ce monument. Des signes d’instabilité de la structure ont dû contraindre Amenemhat III à choisir un autre site pour édifier son tombeau.
Pour la première fois depuis la IIIe dynastie, l’accès aux appartements funéraires se fait par un escalier. L’entrée mène à une première antichambre couverte, comme toutes les chambres de l’infrastructure, d’une voûte à intrados curviligne. Une niche est aménagée dans le mur sud de cette dernière autrefois destinée à accueillir la caisse à canopes contenant les viscères du pharaon. Un petit escalier, dans le mur nord, donne accès à un réseau de galeries à l’est, constituant les appartements funéraires du roi et à l’ouest, les appartements funéraires des reines. Le sarcophage d’Amenemhat III, décoré de motifs à redans, prend place dans l’une des treize chambres et anti-chambres de la partie est. Une chapelle du Ka, ainsi que six autres chambres, ont été aménagées dans une galerie annexe, au sud de la substructure. L’hypothèse a été avancée qu’elles étaient en quelque sorte similaires au tombeau sud du complexe funéraire de Djéser. Entre les règnes de Djéser et Amenemhat III, le tombeau sud était figuré par une (ou des) pyramide(s) satellite(s). Seulement ici, et il s’agit encore d’une innovation, la pyramide satellite ainsi que les pyramides subsidiaires des reines ont été simplement supprimées pour prendre corps avec l’infrastructure de la pyramide.
L’entrée ouest mène à deux ensembles funéraires reliés par des couloirs et destinés à deux reines du pharaon, la reine Aat et une autre qui n’a pu être identifiée. Le premier ensemble à partir de l’ouest, prend fin dans une chambre rectangulaire voûtée contenant encore le sarcophage de la reine Aat ainsi qu’une niche destinée à accueillir la caisse à canopes. De même que pour le pharaon, le caveau est accessible par un escalier menant à deux antichambres. Aat eu également le privilège d’avoir sa propre chapelle du Ka, aménagée près du corridor d’accès. De nombreux objets furent trouvés dans ces appartements, tels deux massues, sept coffres en albâtre, un récipient à onguent et quelques pièces de joaillerie. Dieter Arnold pense que le complexe funéraire d’Aat fut planifié dès le début de la construction de la pyramide puis, que les plans furent modifiés peu avant la fin de la construction afin d’y inclure la tombe d’une autre reine avec un agencement semblable et placé à côté du premier tombeau. Là aussi, des objets furent découverts tels des bijoux et des fragments de statues. Des débris d’ossements appartenant aux deux reines ont pu être étudiés. Les résultats des analyses ont permis d’estimer leur âge : Aat devait avoir environ trente-cinq ans et la seconde reine environ vingt-cinq ans.

Ce labyrinthe de corridors, bien que tout à fait unique pour le Moyen Empire égyptien, devait avoir une signification religieuse très précise. Le sarcophage royal est situé au nord. Une paire d’yeux Oudjat ont été sculptés sur la face est du sarcophage pour permettre au souverain de regarder en direction du levé du soleil symbolisant la résurrection. Le coffre à canope git au sud, à un niveau supérieur et faisant face à l’escalier menant à la chambre funéraire. Plus au sud, et au même niveau que la chambre funéraire, se situait la tombe du ka.
Les différents ensembles funéraires furent tous connectés.
Durant la quinzième année du règne d’Amenemhat III, les travaux furent presque terminés lorsque survint une catastrophe interne. De nombreux plafonds résistant mal aux charges montrèrent des signes d’instabilités. De nombreux renforts en cèdre furent introduits et des voûtes en briques renforcèrent la protection des corridors. Comme le pharaon Snéfrou quelques siècles auparavant, Amenemhat III dut se résoudre à construire une autre pyramide. Pour cela, il choisit le site d’Hawara.
Un pyramidion en granit noir fut découvert en 1900, gisant sous les débris de la face est de la pyramide. Couvert de hiéroglyphes sur ses quatre côtés, son remarquable état de conservation a incité les égyptologues à douter qu’il n’ait jamais pris sa position au sommet de la pyramide. Amenemhat III se fit construire une autre pyramide à Hawara. Cependant, il n’abandonna pas le site de Dahchour. Mark Lehner émet l’hypothèse que le pyramidion ait pu prendre place au sein du temple funéraire, symbolisant en quelque sorte la pierre Benben d’Héliopolis.
La maquette

Cette formidable découverte a été faite en 1976 dans le sol du complexe funéraire d’Amenemhat III. Cette maquette représente l’infrastructure de la pyramide de Hawara. Les galeries sont courtes et il n’y a qu’une seule chambre avec herse. Le caveau, avec son réseau de galeries, est très bien décrit avec les deux accès latéraux permettant de vider le sable retenant la dalle suspendue et la chambre parallèle à la cuve. Des cavités permettaient d’insérer des pièces de bois mobiles afin de simuler la fermeture du caveau et de la herse. La herse en bois est encore présente dans la maquette.
Le temple funéraire
Cet élément est ici d’une simplicité extrême. Réduit à un simple sanctuaire précédé d’une cour à portique, des maigres vestiges de colonnes papyriformes permettent de présumer que, comme à la pyramide de Sésostris III, cette cour fut entourée de dix-huit de ces colonnes. Cette sobriété dans la conception contraste nettement avec le faste déployé à la deuxième pyramide de Hawara dont le temple comparé à un labyrinthe fut décrit par les voyageurs de l’Antiquité jusqu’au XVIIIe siècle comme l’une des œuvres les plus remarquables qu’aient léguées les anciens égyptiens.deux entrées, une sur la face est et l’autre sur la face ouest. Ces accès donnent sur un réseau de galeries et de chambres d’une complexité que l’on ne retrouve que dans la première pyramide d’Égypte, la pyramide de Djéser. Plusieurs reines furent inhumées dans ce monument. Des signes d’instabilité de la structure ont dû contraindre Amenemhat III à choisir un autre site pour édifier son tombeau.