La découverte de sépultures intactes dans la nécropole de South Asasif, près du temple de Hatshepsout à Louxor, révèle de nouvelles facettes de la civilisation égyptienne durant le Moyen Empire, entre 1938 et 1630 av. J.-C. Ce projet, conduit par une mission conjointe de chercheurs américains et égyptiens, sous la direction de Dr. Elena Pischikova du South Asasif Conservation Project, a permis de mettre au jour onze tombes familiales scellées contenant des bijoux et des objets rituels d’une grande richesse symbolique.
Ce contexte archéologique, soutenu par le Ministère du Tourisme et des Antiquités d’Égypte, révèle l’importance accordée aux rites funéraires et aux croyances en l’au-delà au sein de la société égyptienne de l’époque. Cette fouille inédite alimente également les recherches sur les pratiques et influences culturelles au sein de la nécropole thébaine du Moyen Empire.
Un tombeau de famille et ses précieux occupants
Le tombeau de South Asasif a été conçu pour accueillir plusieurs générations d’une même famille. Un témoignage de pratiques funéraires centrées sur la préservation des liens familiaux dans l’au-delà. Le site contient onze sépultures attribuées à cinq femmes, deux hommes et trois enfants. Cela suggère alors une structure familiale élargie et l’importance des lignées. Dr. Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, a précisé que les cercueils en bois étaient orientés nord-sud, avec les têtes des corps disposées dans des directions alternées. Cette configuration particulière semble indiquer un soin précis dans l’agencement des dépouilles. Ce choix exprimait probablement des valeurs symboliques ou des rites précis associés aux croyances funéraires égyptiennes.
Les inondations antiques ont toutefois dégradé les cercueils en bois et les linceuls en lin. Ce qui rend certaines structures difficiles à interpréter. Néanmoins, les objets en métal, faïence et pierres semi-précieuses sont restés relativement intacts. De fait, les chercheurs ont pu reconstituer des éléments de la disposition d’origine. Dr. Afaf Wahba, spécialiste de la mission, a minutieusement étudié l’agencement des perles, encore incrustées dans la boue solidifiée entourant les restes humains. Par extrapolation, elle a pu appréhender la façon dont les ornements se trouvaient disposés sur les corps. Des éléments précieux pour comprendre des pratiques funéraires et des valeurs symboliques attachées aux accessoires portés par les défunts.
Des trésors révélateurs d’une culture raffinée au Moyen Empire
Ainsi, le tombeau de South Asasif renferme une collection impressionnante de bijoux et d’objets de grande valeur. Ils soulignent le statut élevé des défunts et l’importance des symboles protecteurs dans les pratiques funéraires égyptiennes. Parmi ces trésors, des colliers, bracelets et amulettes en pierres semi-précieuses ont été retrouvés. Chacun doté de motifs symboliques soigneusement choisis. Les scarabées gravés, symbole de renaissance, et les amulettes représentant des têtes d’hippopotame et de faucon, ainsi que les yeux de wedjat, rappellent la puissance de la protection et de la régénération dans l’au-delà. Un collier en particulier, retrouvé sur une femme, a attiré l’attention des archéologues par sa finesse. Composé de 30 perles d’améthyste, il encadre une amulette en amazonite, matérialisant le lien entre le défunt et les forces protectrices spirituelles.
Outre les bijoux, deux miroirs en cuivre, d’une qualité artistique remarquable, témoignent du raffinement de l’artisanat de l’époque. L’un des miroirs se voit doté d’un manche en forme de lotus. L’autre, unique, représente Hathor, déesse de la fertilité et de l’amour, avec un visage aux traits austères. Cette représentation de Hathor, à la fois protectrice et symbolique de la féminité, confère aux objets une profondeur spirituelle rare. Selon le communiqué, « ces objets illustrent le raffinement artistique du Moyen Empire, qui allie fonctionnalité et symbolisme ». Ils montrent comment même les accessoires utilitaires étaient investis de significations profondes. Ils allaient bien au-delà de leur usage quotidien.
Objets rituels et pratiques funéraires du Moyen Empire

Parmi les trouvailles les plus intrigantes de cette fouille figure une figurine de fertilité en faïence bleu-vert. Un artefact à la fois rare et minutieusement détaillé. Ce type de figurine, en plus de représenter la fertilité, revêtait probablement une fonction protectrice et bienveillante envers les défunts. Dotée de jambes tronquées et d’une tête percée de multiples trous, cette statuette permettait d’y insérer des perles en argile, restaurées par les archéologues à partir des 4000 perles retrouvées autour de la figurine, qui constituaient sa chevelure d’origine. Ce détail esthétique et symbolique renforce la complexité de cette œuvre. Elle semble représenter un objet rituel destiné à accompagner les morts dans leur passage vers l’au-delà. Elle assurait fertilité et protection dans la vie éternelle.
Autre élément essentiel de cette collection funéraire : un plateau d’offrandes sculpté en relief, dont les motifs illustrent des offrandes symboliques. On y voit une tête de bœuf, des morceaux de viande, et du pain. Le plateau, avec son canal central, suggère un dispositif cérémoniel sophistiqué, conçu pour « nourrir » les esprits des défunts à travers des rituels d’offrandes. Chaque relief semble avoir été soigneusement pensé pour invoquer la subsistance et la prospérité dans l’au-delà. Ils offraient aux défunts un symbole de continuité matérielle et spirituelle. Cette pratique souligne la vision égyptienne de la mort. L’âme pouvait bénéficier des dons matériels déposés dans la tombe, assurant une transition harmonieuse vers l’éternité.