Trois mille ans avant Jésus-Christ, au début de l’histoire d’Égypte, bâtisseurs, sculpteurs et orfèvres de la vallée du Nil élevaient des monuments de brique ou de calcaire, sculptaient le schiste, l’ivoire ou l’albâtre, taillaient le marbre, sertissaient les pierres précieuses, les dessinateurs éternisaient la silhouette de l’homme et les mille formes de la nature et de la vie, en une surabondance d’objets et d’images que, près de cinq millénaires plus tard, on ne se lasse pas d’admirer. Dès cette haute époque, en effet, la civilisation égyptienne, la plus ancienne actuellement connue, fleurissait sur les bords du Nil, depuis la première cataracte jusqu’à la Méditerranée ; l’art s’y épanouissait, déjà pleinement constitué, avec son complément organique, l’écriture.

Civilisation d’une exceptionnelle pérennité qui, pendant les trois mille ans de son âge historique, continua à bâtir suivant les mêmes grandes lois, à sculpter et à dessiner selon les mêmes principes essentiels. Style égyptien d’une rare constance, d’une permanence obstinée, mais aussi d’une grande originalité : si telle de ses œuvres est aisément reconnaissable, elle ne se laisse pas pour autant immédiatement saisir. Art qui, plus qu’aucun autre peut-être, est la conséquence absolue, inévitable du milieu géographique dans lequel il est né et du système de pensée qui en élabora les formes et les modalités.
