Le prince Rahotep et son épouse, Nofret
Article mis en ligne le 30 octobre 2020
dernière modification le 25 septembre 2020

Ces deux grandes statues, de taille identique, furent découvertes dans le mastaba d’un fils de Snéfrou, le prince Rahotep. Elles figurent ce haut dignitaire - il était général, grand prêtre de à Héliopolis, directeur des expéditions et des constructions - en compagnie de son épouse, Nofret. C’est ce que nous apprennent les inscriptions se détachant en noir sur le fond blanc.

Les deux personnages sont assis sur un siège à très haut dossier qui masque complètement leur dos. Rahotep, vêtu d’un pagne blanc et paré d’un collier ras du cou, porte les cheveux courts et une fine moustache. Il ramène sa main droite, fermée, sur sa poitrine, tandis que la gauche est posée sur son genou. Nofret est drapée dans un long manteau qui laisse apparaître les bretelles de sa robe. Une volumineuse perruque mi-longue enveloppe sa tête.

Sous le diadème d’argent à décor de fleurs, on distingue la chevelure naturelle. Un large collier multicolore, composé de plusieurs rangs de perles, complète sa parure.
Animés par l’éclat des yeux incrustés et soulignés de fard noir, les deux visages expriment la personnalité d’individus précis. Ce couple, à juste titre célèbre, marque brillamment l’entrée du naturalisme dans l’art égyptien, tout en gardant un certain nombre de conventions : stricte frontalité de l’attitude, couleur ocre rouge réservée à la carnation masculine et ocre jaune pour la carnation féminine. Les sculpteurs contemporains de Snéfrou et de Khéops portent une attention nouvelle aux traits les plus marquants de chaque physionomie. On en jugera également d’après la série des têtes de réserve, datées du règne de Khéops, qui composent une véritable galerie de portraits. Les corps de Rahotep et de Nofret, aux membres librement articulé, sont modelés en amples volumes arrondis caractéristiques du style sévère. Le procédé est également attesté dans les bas-reliefs de l’époque de Snéfrou. Certains détails vestimentaires, comme le collier ras du cou porté par Rahotep, et l’accolade formée par les cheveux de Nofret sont propres au début de la IVe dynastie.

Extrait de Art et archéologie : l’Egypte ancienne de Christiane Ziegler et Jean Luc Bovot. (Manuels de l’école du Louvre)