L’office du grand prêtre d’Amon
Article mis en ligne le 29 octobre 2021
dernière modification le 15 octobre 2021
Statue-cube du scribe royal Kha, XIXem dynastie

Dans la pénombre et la fraîcheur matinales du temple, le prêtre, revêtu des habits sacerdotaux, allume les cierges. Pour détruire ou chasser les mauvais esprits, il procède avec soin à des fumigations de résine et de térébinthe.

Le prêtre s’avance lentement vers le naos, le tabernacle où repose la statue du dieu Amon. Accompagnant chacun de ses gestes de la récitation de formules rituelles, l’officiant ouvre le naos, " rompant le lien ", "ôtant le sceau" et "tirant le verrou" du sanctuaire. Cérémonieusement, il découvre la face du dieu, le contemple respectueusement, se prosterne humblement. Tout en chantant un hymne traditionnel, il parfume et encense la divinité, puis l’embrasse afin que son ka, son double "d’énergie vitale", passe en elle.

Après une seconde ouverture du naos, au déroulement écourté, le prêtre procède à l’offrande, faite sous la forme de la déesse Maât. Symbole de l’offrande suprême, elle réside en permanence auprès d’Amon et personnifie ce dont il vit et toute chose lui donnant force et vigueur. L’officiant retire alors le dieu du naos et procède à sa toilette. Il purifie la statue, lui retire ses vieux vêtements et l’habille de quatre étoffes, de couleurs blanche, verte, vermillon et carmin. Enfin, il la farde, la parfume et lui remet sa parure, le sceptre et le fouet, ses bracelets aux bras et ses anneaux aux chevilles. Quand Amon est de nouveau paré d’un collier, d’une amulette et de six bandelettes - deux rouges, deux vertes et deux blanches -" il est replacé dans son sanctuaire, dont les portes sont fermées et scellées. Autorisé alors à quitter le lieu saint, l’officiant se retire à reculons, effaçant soigneusement toute trace de ses pas.

Prêtre en prière

Des prêtres de rang inférieur s’avancent à leur tour et, sur des guéridons, présentent au dieu de l’eau fraîche et purifiée, des pains d’offrande, des viandes, des légumes et du vin. Éveillé, comme le veut la tradition, Amon peut désormais parcourir son temple, comme le Soleil, pendant la durée du jour, parcourt le monde et l’inonde de sa lumière. Un peu plus tard, lorsque le ka du dieu a bénéficié des offrandes, les prêtres rapportent les mets au dehors pour leur propre nourriture. Identiques au culte rendu aux principaux dieux égyptiens, les rites liés au culte d’Amon sont connus grâce à un papyrus conservé au Musée égyptien de Berlin et à une suite de scènes gravées dans l’impressionnante salle hypostyle de Karnak.

Amon et son épouse Mout

ce culte n’est pas public, et le dieu n’apparaît à son peuple que lors des processions et des fêtes qui lui sont dédiées. Le rituel quotidien, au déroulement parfaitement fixé et orchestré, rend hommage au dieu considéré comme un roi, un maître humain que les serviteurs aident à se vêtir et à se parer, à se nourrir et à nettoyer sa demeure. Ce rite assimilant le temple ou la chapelle à la maison du dieu, qu’il faut purifier et parfumer, se décompose en trois services, le matin, à midi et le soir. Les cérémonies de midi et du soir se déroulent plus simplement, sans ouverture du naos. Si ce rituel est parfois abrégé lors des services ordinaires, il est exécuté dans son intégralité lors des fêtes les plus importantes.