Le temple de Louqsor
Article mis en ligne le 4 septembre 2019
dernière modification le 19 août 2019

Sur la rive droite du Nil, les ruines du temple de Louqsor se dressent aujourd’hui au cœur d’une petite ville de Haute-Égypte. Le temple de Louqsor était relié aux sanctuaires de Karnak, plus au nord, par une voie bordée de sphinx, de deux kilomètres environ. Le dieu Amon gagnait par ce chemin, en une procession solennelle, « son harem du Sud », au cours de la belle fête d’Opet, dont les différents épisodes sont représentés avec des détails pittoresques sur les murs qui bordent la grande colonnade du temple : foule des badauds admiratifs regardant le défilé des barques sacrées, musiciens africains jouant du tambour ou de la flûte. Un accueil triomphal lui était réservé.

L’actuel sanctuaire, construit sans doute sur un temple plus ancien, fut commencé sous Aménophis III par son architecte Amenhotep, fils de Hapou ; on lui doit en particulier le portique à deux rangées de colonnes fasciculées papyriformes à chapiteaux fermés, d’une rare élégance ; la construction fut poursuivie par Toutankhamon (murs de la colonnade). C’est à Ramsès II que nous devons l’achèvement du monument sous sa forme actuelle. À partir du pylône d’Aménophis III, ce souverain ajouta une grande cour à portiques en faisant légèrement dévier l’axe du temple vers l’est pour englober une chapelle-reposoir de barques de la reine Hatshepsout, de sorte que l’entrée du temple est face à l’allée des Sphinx et que la chapelle d’Hatshepsout s’adosse à la paroi intérieure du pylône d’entrée. Ce dernier est entièrement décoré de scènes de guerre : la plus célèbre est la représentation de la bataille de Qadesh, dont le récit nous est rapporté dans le poème du Pentaour. Il est flanqué de six statues colossales de Ramsès II et de deux obélisques de 25 mètres de hauteur environ dont l’un, offert à la France par Méhémet Ali, se dresse depuis 1836 au centre de la place de la Concorde à Paris. Dans la première cour, une mosquée consacrée à un culte local, celui d’Aboul Haggag, perpétue actuellement des rites où l’on reconnaît des influences pharaoniques.

Dégagé et restauré avec soin par le Service des antiquités de l’Égypte, le temple de Louxor, bien qu’orienté nord-sud, a été conçu selon un plan classique en Égypte. Franchissant le pylône par une porte étroite, la barque du dieu conduite en procession traversait la première cour, longeait la colonnade de Toutankhamon et parvenait à la cour d’Aménophis III, puis, par la salle hypostyle, gagnait le saint des saints, où la statue du dieu était déposée dans un naos précieux.

Au pied de ces colonnades, surmontées d’énormes architraves gravées à la gloire du pharaon et répétant éternellement son nom associé à celui du dieu Amon, on se plaît à rêver à la splendeur du temple thébain, « la demeure intime du maître des dieux ».

À l’ouest et à l’est du temple subsistent les vestiges des deux citadelles romaines qui donnèrent du reste son nom au village : el Qousour, les camps.