Ermant fut très tôt la capitale du quatrième nome de Haute-Egypte en meme temps qu’un centre prépondérant du culte du dieu guerrier Montou, divinité tutélaire de Thèbes. La première référence à Montou en tant que patron d’Ermant figure d’ailleurs dans une tombe thébaine datée de l’Ancien Empire. C’est dire l’importance du site et de son dieu dans le nome.
Ermant n’était-elle pas l’« Héliopolis du Sud » ou 1’« Héliopolis de Montou », équivalent méridional de l’Héliopolis du Nord, la cité du dieu solaire Atoum-Rê ? Le nom moderne d’Ermant dérive d’ailleurs directement de cette appellation égyptienne. lounou-Mentjou - « Héliopolis de Montou » - donna en grec après déformation Hermonthis, rendu en arabe par Ermant.

Montouhotep Il met en valeur Ermant
Comme le temple voisin de Tôd, le sanctuaire de Montou à Ermant fut apparemment fondé par le pharaon Montouhotep Il. Cet ancien sanctuaire fut malheureusement détruit à la Basse Époque, mais, grâce à la découverte de blocs isolés ou remployés dans les constructions plus tardives, il est possible d’en reconstituer l’histoire.
Une chapelle existait probablement sur le site dès l’Ancien Empire, puisque des blocs inscrits au nom de Pépi 1er, un des derniers rois de la Vie dynastie, ont été retrouvés sur place. Si Montouhotep Il rénova au minimum cet antique édifice, les souverains de la Xlle dynastie, en particulier Amenemhat 1er et son successeur Sésostris 1er, lui adjoignirent d’importantes constructions en calcaire. Les reliefs de cette époque rappellent d’ailleurs beaucoup ceux de la magnifique Chapelle blanche que Sésostris 1er fit ériger dans le grand sanctuaire d’Amon à Karnak et qui est aujourd’hui remontée dans le musée en plein air sur le site. Les apports des pharaons du Moyen Empire à Ermant ne sont toutefois plus décelables. Tout juste peut-on encore voir des vestiges du Nouvel Empire, comme le pylône de Thoutmosis III, décoré d’une scène datant du règne de Ramsès II où l’on retrouve le motif des étrangers portant tribut. Certains blocs dégagés vers 1930 par les Anglais o. H. Myers et R. Mond prouvent par ailleurs qu’Aménophis III fit aussi des travaux à Ermant. Les talatats - petits blocs de pierre de la taille d’une brique utilisés sous le règne d’Akhénaton pour construire rapidement de nouveaux sanctuaires - découverts parmi les vestiges n’indiquent pas en revanche que le pharaon hérétique fit édifier à Ermant une chapelle en l’honneur d’Aton. Sans doute ces talatats furent-ils apportés de Karnak, où il avait fait ériger à l’est de l’ensemble un temple à Aton, pour servir de matériau de construction.

La grandeur retrouvée d’Ermant
Si, sous la XVIIIem dynastie, la ville d’Ermant perdit son statut de capitale du nome thébain au profit de la désormais toute-puissante Thèbes, elle le retrouva à l’époque tardive. Sous le dernier pharaon indigène, Nectanébo II (XXXe dynastie), la construction d’un temple entièrement nouveau fut même entreprise. Les travaux se poursuivirent pendant toute la période gréco-romaine. Sous la dynastie lagide, la grande Cléopâtre VII choisit Ermant pour faire élever un mammisi, un temple de la naissance divine, avec un étang pour sublimer la naissance du fils qu’elle avait eu avec César. La reine plaçait ainsi le petit Césarion (Ptolémée XV) sous la protection de celui qui était considéré comme la manifestation régionale de Rê, le dieu guerrier Montou.
Relevé au début du XIXe siècle par les savants de la Description de l’Égypte et un peu plus tard par Karl Richard Lepsius et les premiers photographes, ce mammisi est aujourd’hui entièrement détruit (il fut abattu aux alentours de 1860 pour permettre la construction d’une petite sucrerie). Enfin, Antonin le Pieux, également présent à Tôd, fera aussi quelques travaux à Ermant.

La nécrople des taureaux sacrés Montou
Le sanctuaire de Montou à Ermant est célèbre surtout à cause du taureau sacré - image du dieu Montou sur terre - qui était élevé dans son enceinte. A l’instar du taureau Apis, qui, lui, était attaché au culte du dieu Ptah à Memphis, ce taureau, appelé Boukhis (bekh en égyptien) était un animal unique, apparemment blanc à tête noire, Il était soigné par les prêtres depuis son élection jusqu’à sa mort. La mère de l’animal faisait aussi l’objet d’attentions particulières puisque, comme pour la mère de l’Apis à Saqqarah, on lui consacrait à sa mort une sépulture spéciale. De même, tout comme Apis,, Boukhis bénéficiait,de funérailles dignes d’un pharaon. Il était enseveli dans le Boukhéum, la nécropole des taureaux sacrés d’Ermant, située en bordure du désert, à six kilomètres du site. La sépulture la plus ancienne remonterait, dans l’état actuel des connaissances, à Nectanébo II (vers 360 avant J.-C.). Le Boukhéum resta en fonction environ six cent cinquante ans, jusque sous le règne de l’empereur romain Dioclétien, vers 284 après J.-C., date à laquelle mourut le dernier taureau Boukhis attesté par les textes.