Le Fayoum est une grande cuvette au nord-est de laquelle est situé le lac Qaroun qui communique avec le Nil par un bras d’eau nommé Bahr Youssef que l’on peut traduire par : « rivière de Joseph ». Cette région, jadis très sauvage incarnait pour les anciens égyptiens l’image du monde des temps primordiaux. Elle fut aménagée et exploitée dès le Moyen Empire par les Pharaons de la XIIem dynastie. On y trouve par exemple un complexe funéraire attribué à Amenemhat III sur le site de Haouarah.

Un temple du Moyen Empire complet.
Les pharaons de la XIIem dynastie prirent des mesures pour améliorer l’irrigation et accroître le rendement des champs. Ils favorisèrent aussi le culte de Sobek le dieu crocodile, principale divinité de la région. Malgré leur intense activité, la plus grande partie des temples qu’ils érigèrent ou agrandirent ont aujourd’hui disparus. Comme souvent en Egypte la plupart des sites de la région ne sont connus que par les constructions gréco-romaines suite à sa remise en valeur par les souverains Lagides.
Médinet-Madi est un des sites les plus impressionnant du Fayoum. Situé au sud du lac Qaroun, dans un établissement nommé à l’origine Dja et rebaptisé Narmouthis sous les Ptolémées en l’honneur de la déesse des moissons Hermouthis. Le temple principal était dédié à Renenoutet, la déesse à tête de serpent, alter ego de la Grecque Hermouthis. Fondé par Amenemhat III, il fut terminé par Amenemhat IV, son fils.

Le temple, redécouvert par l’archéologue italien Achille Vogliano dans les années 30, offre un spectacle charmant avec ses murs de calcaire blanc et son allée de sphinx à moitié ensevelis sous les sables. La plus grande partie de l’édifice remonte au Moyen Empire malgré quelque rajout au Nouvel Empire que l’on doit à Mérenptah et des travaux plus important datant de la période tardive du notamment à Ptolémée VII Evergète II.
Le sanctuaire est orienté suivant un axe nord-sud, il s’ouvre au sud par deux propylées délimitant une cours auquel conduis une allée de sphinx. Dans la deuxième cour subsiste encore un autel à feu servant pour les sacrifices rituels. Une avant-porte mène au pronaos qui s’ouvre lui-même sur une salle à deux colonnes. Plus loin une pièce plus petite, elle aussi supportée par deux colonnes, s’ouvre sur le naos contenant trois niches décorées de reliefs.

Ces niches devaient à l’origine accueillir les statues des divinités vénérées à Medinet-Madi : Sobek, Renenoutet et Horus qui sera remplacé plus tard par la statue d’Amenmhat III divinisé. Son culte se rependra dans tout le Fayoum. Il sera vénéré jusqu’à l’époque tardive sous le nom grec de Prémarès ou Lamarès, nom dérivé de l’égyptien Per-âa-Nymaâtrê (le pharaon Nymaâtrê, un des noms de sa titulature). On a d’ailleurs découvert à l’intérieur du temple quatre hymnes à Isis (assimilé à l’époque grecque à Renenoutet) composé par le poète grec Isodoros ainsi qu’un poème contant les aventures légendaires de Prémarès. Ces textes se trouvent aujourd’hui au musée d’Alexandrie.
Le site comporte plusieurs autres temples. Au nord du sanctuaire principal se trouvent les restes de constructions tardives datant des Ptolémées. L’un d’eux a été mis à jour pendant les campagnes de 1995 et 1999 par Edda Bresciani. Ce temple construit suivant un axe est-ouest est fait de brique et de quelques éléments de calcaire (Linteau de porte, etc.). Ses murs s’élèvent encore à plus de quatre mètres du sol. Il était dédié au culte d’un couple de crocodile dont on ignore les noms. On a retrouvé les corps momifiés des deux sauriens dans le double naos encore visible, avec sa corniche à gorge décorée du disque ailé, situé dans le fond du temple.

On a également exhumé un bassin carré de 30cm de profondeur protégé par un mur d’enceinte. Il s’agit selon toutes probabilités de la salle ou était élevé les deux animaux. On y a en effet dégagé du sable quatre vint dix oeufs de crocodiles contenant des foetus à différends stade de maturité. Les petits élevés dabs le temple était régulièrement sacrifiés, puis momifiés. Leurs momies étaient sans doute vendues aux pèlerins qui les offraient aux dieux, pratique très courante à l’époque tardive.