Le temple d’Amon et d’Osiris
Oasis de Kharga
Article mis en ligne le 7 décembre 2022
dernière modification le 6 décembre 2022

Ce temple est le mieux conservé de tous ceux de l’oasis. Il possède encore sa terrasse et sa crypte. Ses murs sont décorés par des scènes qui comptent parmi les plus originales de l’iconographie religieuse du Double Pays.

Sur la rive ouest du Nil, dans le désert libyen on trouve cinq oasis échelonnées : Siouah, Bahariya, Farafrah, Dakhla et Kharga, qui furent toutes sous domination égyptienne. A partir du Nouvel Empire elles seront réparties en deux groupes : les oasis du Nord et celle du Sud. Ces dernières, Dakhla et Kharga, situé approximativement à la hauteur de Thèbes deviendront des nomes à part entière à l’époque gréco-romaine.

Khargas, située la plus au sud, regorge de vestiges archéologiques s’étalant sur une vaste période, des temps pharaonique à la domination romaine. La capitale actuelle, Kharga, (Hebet en égyptien, transformé par les Grecs en Hibis) était déjà le centre de la région dans l’antiquité. C’est la seule agglomération nommée par les Grecs polis (cité). Au XVIIIem siècle, le souvenir des pharaons n’avait pas encore tout à fait disparu car elle portait le nom d’El-Miamoum, référence au dieu Amon vénéré dans les temples de la ville.

Vestige du temple

Le temple d’Amon à Hibis

La cité antique s’étendait des deux cotés d’un vaste lac dont il ne subsiste presque rien aujourd’hui. Le temple principal, dédié à Amon était situé sur la rive sud, de même que les deux chapelles de Nadoura, formant le centre de la cité. Le temple fut déblayé et restauré au début du XXem siècle par une équipe du Metropolitan Museum. Le début de la construction remonte à l’époque tardive sous le règne de Psammétique II. Continué par le roi des Perses Darius Ier, il fut achevé sous les Ptolémées.

La double triade

Le sanctuaire était essentiellement dédié à Osiris et à Amenebis (« Amon d’Hibis »), double vénération qui explique la décoration très originale du site. Les prêtres hibites ont effet opéré une fusion entre la triade osirienne (Osiris, Isis et Horus) et celle de Thèbes (Amon, Mout et Khonsou). Cette étrange association se retrouve dans toute l’iconographie du temple.

L’enfilade de pylônes

Le temple lui-même présentait un plan des plus classique, le sanctuaire de taille moyenne (42 mètres de long sur 20 mètres de large) et ses dépendances étaient enserrées dans une enceinte rectangulaire. Une allée bordée de sphinx conduisait au lac sur la berge duquel était construit un débarcadère servant pour les sorties rituelles du Dieu. Le dromos passait en dessous de trois portes successives construites par Ptolémée II Philadelphe et par Darius Ier. Venant ensuite trois salles hypostyles menant au Naos.

Le temple s’agrandit notablement sous les règnes de Nectanébo Ier et de Nectanébo II auquel on doit l’érection de deux obélisques. On a retrouvé aussi quelques inscriptions romaines.

Grenouille symbole de la renaissance, détail de la terrasse

Crypte et terrasse

Les reliefs les plus étranges relatif à la fusion entre la théologie osirienne et Amonienne se retrouve dans le Naos. Au sud du saint des saints, on accédait à la crypte du temple dont l’ouverture était protégée par une dalle mobile. Cette crypte servait lors de certaines cérémonies de lieu d’accueil des statues divines. Un petit escalier situé à coté de l’entrée de la crypte permettait de rejoindre la terrasse sur laquelle on peut encore admirer des aménagements, liés au culte d’Osiris, analogue à ceux du temple d’Hathor à Dendérah. On y trouve ainsi les génies gardiens funéraires du dieu des morts présentés comme « seigneur d’Hibis ». D’autres servaient au rite tardif de « l’union du disque », cérémonie du nouvel an au cours de laquelle les statues du dieu étaient exposées aux rayons du soleil levant pour s’y recharger ( ! )

Seth

C’est dans la deuxième salle hypostyle que se trouve la scène la plus célèbre du temple. Gravé sur deux panneaux des murs-écrans qui forment l’entrecolonnement, on peut y voir au registre supérieur Darius Ier consacrant des offrandes à Amon, Mout, Chou, Tefnout, Maât et Min. Plus bas un homme à tête de faucon, aux ailes déployées dans le dos, secondé par un lion, piétine un serpent tout en le transpercent d’une lance. Les hiéroglyphes le présentent comme « Seth, grand de force qui réside à Hibis », le serpent étant Apopis, dieu du chaos, ennemi héréditaire du dieu solaire. Seth était ici considéré comme un dieu bénéfique, divinité protectrice des pistes du désert que l’on retrouve à Dakhla sous le nom « Amon victorieux ».

Salle hypostyle

Des dieux étrangers

On trouve aussi au sud du temple, deux chapelles de dimension réduite, l’une étant quand même précédée d’un kiosque à mur-bahut. Ces chapelles servaient apparemment de lieu de culte consacré au dieu Baâl-Typhon et à la déesse Astarté, deux divinités asiatiques incorporées au panthéon égyptien dès le Nouvel Empire.