Le temple d’Isis à Behbeit el-Hagar
Article mis en ligne le 27 février 2023
dernière modification le 25 février 2023

L’Iseum de Behbeit el-Hagar était avec Philae le plus important centre du culte d’Isis en Egypte. Les artistes qui décorent les temples de la déesse à Rome s’inspirent largement de ses magnifiques reliefs. Malheureusement ce n’est plus aujourd’hui qu’un vaste champ de ruines.

Les vestiges du temple se trouvent à l’ouest du bras de Damiette, dans le Delta du Nil.

Un monument datant de la XXXem dynastie

Vue générale des ruines

On retrouve dans le nom actuel du site, Behbeit el-Hagar - littéralement « Behbeit les Pierres » - l’appellation égyptienne du site : Per Hebyt (« la demeure est en fête »). L’existence du site nous est connue depuis le XVIIIem siècles par des voyageurs européens en route pour le Sinaï via le Delta ainsi que par l’expédition de Napoléon Bonaparte qui nous en a laissé une description.

L’iseum tel qu’il apparaît aujourd’hui a sans doute été agrandis par les pharaons de la XXXem dynastie et ceux de la période ptolémaïque, notamment Ptolémée II Philadelpheet Ptolémée III Evergète. Mais à la base se trouvait sans doute un temple plus ancien remontant à la XXVIem dynastie Saïte. Le sanctuaire ne pris une place vraiment prépondérante que sous Nectanébo Ier( dont on retrouve l’épithète « Horus victorieux dans Per Hebyt » dans sa titulature ) et plus encore sous Nectanébo II. Les nouveaux maîtres de l’Egypte avaient tout intérêt à promouvoir un site, dédié à leur divinité préférée, Isis, situé à quelques kilomètres de l’ancienne Sebennytos (actuellement Samanoûd), le berceau de leur dynastie.

Un temple de granit d’Assouan

Fragment de bas relie représentant Ptolémée II, Anubis et Isis-Hathor

Le sanctuaire a été édifié entièrement en granit gris et rouge provenant des carrières d’Assouan. C’est le seul exemple connu de cette ampleur (les ruines occupant une surface de 55m par 80m). Le recours à un tel matériau devait avoir des fondements religieux très important, vu la difficulté d’acheminement depuis le sud de l’Egypte. Il s’agissait sans doute de faire le lien en le temple méridional de Philae et celui, septentrional de Behbeit el-Hagar.

A l’origine le sanctuaire était entouré d’une enceinte de briques à assises courbes caractéristique du règne de Nectanébo Ier. Le temple possédait aussi un pronaos, comme on peut le voir sur les planches de la description de l’Egypte. La lente reconstitution du site, ravagé par les habitants de la région qui s’en sont servis de carrière, voire même par un possible tremblement de terre, doit beaucoup au travail de l’égyptologue française Christine Favard-Meeks et de l’architecte Alexandre Lezine.

Reconstitution du temple

L’autre particularité de ce temple tient à la qualité exceptionnelle des bas-reliefs largement supérieure à celle que l’on retrouve dans les autres temples de la même période. La décoration qui fut achevée par Ptolémée III Évergète est du plus grand classicisme. Les architectes et les sculpteurs romains s’en inspirèrent pour construire et décorer les temples dédiés à Isis dans la capitale de l’Empire. On a d’ailleurs découvert un bloc provenant de Behbeit el-Hagar dans le temple principal de la déesse à Rome.

Des chapelles d’Osiris

Vestige d’un escalier et d’une colonne hathorique

L’iseum de Behbeit el-Hagar possède lui aussi des lieux de culte dédié à Osiris, l’époux de la déesse Isis. Bousiris, la ville sacré du dieu des morts, ne se situe qu’à quelques kilomètres au sud du temple. On trouve ainsi de nombreuses chapelles sur le site. Il en existe une à l’arrière du temple au décor malheureusement inachevé. Deux furent édifié à l’intérieur du temple même et trois autres furent installés sur la terrasse du sanctuaire. Le dieu y est, une fois n’est pas coutume, représenté en habits de vivant. La plus grande des trois contenait un noas en granit rose. La décoration de toutes ces chapelles est du à Ptolémée II Philadelphe.