
L’ancienne Antinoë (ou Antinoupolis), dont les ruines se trouvent à proximité du village de Cheikh Abadan, fut fondée par Hadrien sur le site où se noya le jeune Antinoüs, favori de l’empereur, en 130 av. J.-C. Dotée d’un territoire indépendant, qui formera le nome Antinoïte, elle se voit attribuer d’importants privilèges commerciaux. Antinoë ou Antinoopolis est l’une des rares fondations ex nihilo en Egypte de l’Empire romain. Aussi est-elle caractérisée par un plan orthogonal et recèle-t-elle l’ensemble des aménagements dont les villes romaines sont pourvues : un arc de triomphe, un forum, un théâtre, un hippodrome, mais, curieusement, pas de cirque, car les Egyptiens vénèrent, pour la plupart, les animaux qui, d’habitude, sont placés dans l’arène. La Description de l’Egypte fournit la majeure partie des renseignements sur son plan et ses monuments car, à la fin du XVIIIe siècle, les détails en sont encore particulièrement clairs. Malheureusement, nombre de ces vestiges ont actuellement disparu.
L’un des rôles de la ville, et non des moindres, était de capter, vers une cité, administrée selon un mode romain, les produits d’Extrême-Orient qui, auparavant, transitaient par Coptos, après avoir été débarqués à Bérénice ou dans un autre port de la côte. Aussi Antinoë formait-elle le point d’arrivée de la via Hadriana qui traversait le désert à partir du Gebel el-Zeit, et que les bédouins nomment le Sikka el-Agam. Antinoë renouait ainsi avec une très ancienne tradition en vertu de laquelle les nomarques du nome de l’Oryx (au nord d’Antinoë), à la XIIe dynastie, détenaient le privilège de commercer avec les populations du désert de l’Est.
La nécropole d’Antinoë, fouillée par Albert Gayet, a fourni de nombreux exemplaires de vêtements permettant de constater l’étonnant essor régional de l’industrie du tissage des tissus coptes dont les ateliers créent des motifs spécifiques et adaptés aux croyances en vogue dans l’Egypte des IVe et Ve siècles.