Esna, nom dans lequel on discerne l’ancienne appellation Senet, accueille tout ce qu’il reste d’un temple construit à l’époque ptolémaïque sous les règnes de Ptolémée VI Philométor et de Ptolémée VIII Evergète II. Senet est le temple d’un bélier divin, Khnoum-Rê, étroitement lié à Neith, décrite comme un démiurge androgyne et dont l’animal, comme dans sa ville de Saïs, est le latès. Pour cette raison, la ville se nomme, selon les Grecs, Latopolis : la Ville du latès. Khnoum-Rê forme, avec Neith et Héqa, une triade divine.
Quoique le temple ait encore été complet au début du XVIIIe siècle, seul un pronaos monumental subsiste. Lorsque Champollion le découvre en 1828, il sert d’entrepôt de coton après avoir servi de magasin pendant tout le XVIIIe siècle. Deux autres temples complémentaires non loin d’Esna ont fait l’objet d’une reproduction dans les planches de la Description de l’Egypte ; ils ont actuellement disparu.

Les textes revêtant les parois du temple d’Esna témoignent d’une richesse théologique sans pareille au plan du contenu religieux. Gravés sur les fûts des colonnes, ils livrent, en effet, le calendrier des fêtes d’Esna, un récit cosmogonique, le grand hymne à Khnoum-Rê. Deux hymnes cryptographiques, gravés aux deux extrémités du pronaos, au nord et au sud, sont écrits à l’aide de deux séries de hiéroglyphes : des crocodiles et des béliers. Ces textes, jusqu’à présent, n’ont pas été déchiffrés. A la lecture des textes compréhensibles, Khnoum-Rê dont le rayonnement assure la richesse agricole est celui qui fait reverdir la campagne, assure la régénération des êtres. Ce rayonnement s’exprime à Esna par la forêt des colonnes qui, chacune, évoque le verdoiement de la campagne. Les chapiteaux floraux composites constituent les plus beaux exemplaires des temples gréco-romains ; leurs fûts, encore délicatement colorés, parviennent à donner une vision d’un de ces temples qui évoquaient l’idée de la nature elle-même.