
Le site qui correspondait à Tell el-Rob’a n’est autre que celui qui répondait, dans l’antiquité tardive, à Per-Ba-neb-Djedet,c’est-à-dire Mendès. Cette ville, anciennement nommée Djedet et Anpet, était le lieu de culte d’un bélier divin, Banebdjedet (c’est-à-dire Ba-seigneur-de-Mendès). A l’origine, une autre déesse locale, Hatméhyt, y était vénérée ; il s’agissait d’une force divine revêtant l’aspect d’un schilbé, connu pour les sauts qu’il effectue au-dessus de la surface de l’eau, ce qui vaut au nom de la déesse d’être traduit - la Première du banc de poissons - . Car, à certaines époques de l’année, Hatméhyt revêt l’apparence d’un dauphin femelle, sous la forme duquel Isis part à la recherche du corps de son époux qu’elle retrouvera à Byblos, selon la légende rapportée par Plutarque : A propos d’Isis et d’Osiris (De Iside et
Osiride). Banebdjedet, comme tous les béliers divins, a pour rôle de veiller sur les vannes du Nil. Cette fonction lui est attribuée pour ce qui relève de la branche mendésienne qui débouche à Damiette, bouche par laquelle les dauphins, aux dires des auteurs de l’antiquité, remontaient jusqu’à Mendès et
allaient jusqu’à défier les crocodiles.
Le site a fourni l’occasion de découvrir la nécropole des béliers sacrés enterrés dans de grands sarcophages, au nord-ouest de l’enceinte sacrée, dans laquelle se dresse encore un immense naos de huit mètres de haut abritant l’image sacrée du bélier divin dont on venait également consulter l’oracle. Comme le temple, ce naos date du règne d’Amasis (XXVIe dynastie), qui restaure les cultes dans le Delta. La
qualité des hauts fonctionnaires enterrés à Mendès, parmi lesquels un certain Smendès ? son mobilier a été depuis dispersé ?, rappelle que la ville était celle dont étaient originaires les souverains de la XXIXe dynastie, ce qui lui valu d’avoir rang de capitale à l’époque tardive. Le bourg voisin de Thmouis, au sud-ouest, se développa à l’époque chrétienne après l’abandon du site païen.