La pyramide

Rompant avec le procédé jusque là utilisé, consistant à construire une pyramide à degrés, Snéfrou achève celle de son prédécesseur en recourant à une nouvelle technique qui permet d’aboutir à des pans lisses. La réalisation procède d’un nouveau concept consistant à créer les quatre éléments désormais inséparables de la notion de complexe funéraire royal : temple bas, chaussée montante, chapelle ou temple funéraire, pyramide.
Il est possible que Snéfrou ait désiré, un temps, réutiliser ce monument à son profit, mais il fit construire les deux pyramides qui se dressent, au nord et au sud, sur le site de Dahchour. Le fils du roi, Râhotep, y est inhumé dans le mastaba qui a livré, non seulement la peinture murale des fameuses oies de Meïdoum mais aussi le groupe désormais célèbre de Râhotep et Nofret, chef-d’oeuvre du début de la IVe dynastie, conservé au musée du Caire.
La pyramide de Meïdoum, appelée « la fausse pyramide » par les Arabes, date du règne de Snéfrou, premier roi de la IVe dynastie. Étant donné que deux pyramides à Dahchour (la pyramide rhomboïdale et la pyramide rouge) sont également attribuées à Snéfrou, additionné au fait que celle de Meïdoum semble plus ancienne que ces deux pyramides, comme une étape entre la pyramide à degrés de Djéser et celles-ci, les chercheurs ont longtemps pensé que Snéfrou n’avait fait que terminer la pyramide de son prédécesseur Houni. En réalité, face à l’absence totale de nom se rapportant à Houni et la présence exclusive de ceux de Snéfrou, les chercheurs ont admis le fait que cette pyramide n’a été l’œuvre que des ouvriers de Snéfrou1.
L’étude du monument a montré qu’il y eut trois phases de construction :
- la première, nommée E1, correspond à la construction d’une pyramide à sept degrés ;
- la deuxième, nommée E2, correspond à l’extension de la pyramide sur les quatre côtés, transformant le monument en une pyramide à huit degrés ;
- la troisième, nommée E3, correspond au remplissage des degrés de la phase précédente, transformant le monument en une pyramide à faces lisses.
Ce complexe funéraire représente le premier complexe pyramidal classique avec sa pyramide, à faces lisses au dernier stade de la construction, sa chaussée reliant le temple d’accueil au temple funéraire, sa pyramide satellite et sa nécropole des hauts fonctionnaires. Le temple d’accueil a disparu mais le temple funéraire est encore intact et de taille modeste.
Nécropole
Parmi les mastabas majeurs de la nécropole on citera :
- le mastaba M17, anépigraphe donc anonyme, mais qui retient particulièrement l’attention par ses proportions et son dispositif souterrain qui le rattache aux monuments des IIIe et IVe dynasties ; Andrzej Cwiek a proposé d’y voir le dernier lieu de repos du roi Houni en donnant comme arguments : la sépulture du roi (Cwiek suggère la pyramide n° 1 de Lepsius) était à peine commencée lors de sa mort, et le mastaba M17 a été construit dès le départ pour une personne déjà morte et ses caractéristiques (position proche de la pyramide de Meïdoum, les dimensions énormes, la chapelle orientale construite en pierre, le sarcophage en granite) ainsi que les objets trouvés (dont des sceptres) suggèrent que la personne enterrée était quelqu’un d’exceptionnel2 ;
- le mastaba M15, appartenant à Rahotep et son épouse Néfret, qui contenait les célèbres statues des défunts exposés au Musée du Caire ;
- le mastaba M16, appartenant à Néfermaât et son épouse Itet, qui livra de célèbres reliefs et peintures également exposés au Musée du Caire, dont les fameuses « oies de Meïdoum » ;
- le mastaba M9, appartenant à Ranefer, qui livra des restes de viscères enveloppés dans du lin ; le corps de Ranefer est la meilleure représentation de ce qu’impliquaient les techniques de momification de l’Ancien Empire ; son corps était orienté vers l’est, moulé et peint, les cheveux de la momie étaient peints en noir, les sourcils et les yeux en vert et la bouche en rouge. Les parties génitales ont également été soigneusement moulées, le cerveau est resté dans le crâne et ses entrailles ont été trouvées dans un vase canope dans la tombe.
Vers 1911, le Service des antiquités, constatant que les gardiens étaient impuissants dans la protection des tombeaux avoisinant celui de Rahotep contre les voleurs d’antiquités, partagea les blocs décorés avec Flinders Petrie. Ils sont exposés en partie au Caire et en partie au musée britannique.