Le lac
Menzaleh
Article mis en ligne le 30 août 2023
dernière modification le 4 août 2023

Le lac Menzaleh, riche en poissons au moment où se produit l’inondation, a toujours été, depuis la plus haute antiquité, un lieu où les riverains se livraient à la chasse, à la pêche et à l’arrachage du papyrus. Le lac jouissait des effets conjugués des hautes eaux de l’inondation et des vents de nord-est, au point que les eaux se trouvaient en suspension. Au cours de cette période, les poissons de mer entraient dans le lac par les graus pour frayer en eau douce, tandis que le restant de l’année les eaux y étaient plus saumâtres. Les riverains, auxquels les dauphins jouant aux ouvertures sur la mer apportaient une aide involontaire, vivaient de cette activité saisonnière, exprimée par la statue des génies de la pêche, chacun représentés sous les traits d’Amenemhat III, et portant des plateaux d’offrande où s’empilent des poissons. La région du lac Menzaleh se consacra aussi à la filature et au tissage du lin et du coton. C’est là, dans l’île de Tinnis, jusqu’au XVe siècle, au coeur du lac, que survivent les ateliers produisant les plus belles étoffes d’Egypte. La production manufacturière se maintient dans la région de Damiette jusqu’au XVIIIe siècle.

Le lac Menzaleh est une lagune salée de plus de 180 000 hectares de superficie et d’à peine un mètre de profondeur, isolée de la mer par un petit cordon littoral. Il est parsemé d’îles sableuses, débris de cordons littoraux plus anciens et reçoit les eaux des branches orientales du Nil :

  • la mendésienne ;
  • la tanitique ou saïtique, à l’extrémité Est du lac Menzaleh, nommée aujourd’hui Oum-Fareg ; la branche du Nil qui conduisait ses eaux à la mer correspond au canal de Moez (ou Moueys) qui se perd aujourd’hui dans le lac ;
  • la pélusiaque, embouchure la plus orientale du lac Menzaleh, où se retrouvent encore les ruines de Péluse.

Ces branches avaient sur leurs rives — ou dans leur voisinage — des villes importantes, comme Tennys, Tounah, Samnah ; la plupart sont maintenant au milieu des eaux.

Photo aérienne du lac Menzaleh. À droite l’embouchure du canal de Suez et Port-Saïd
Wikimedia.org

La branche mendésienne du Nil jouissait d’un accès fluvial à la Méditerranée ; le nome mendésien et sa capitale Mendès s’imposèrent dès l’époque pharaonique comme d’importants centres commerciaux. Le nome mendésien était également situé dans un secteur du delta bien pourvu en milieux humides : lacs, marécages et lagunes d’eau douce, saumâtre ou salée, permanents, saisonniers ou occasionnels. Ainsi à l’époque pharaonique, le terrain s’étendant à l’est de Mendès en direction de Tanis dans le secteur du lac Menzaleh était une zone marécageuse. La présence de zones lacustres dans le nome mendésien est révélée par la documentation papyrologique d’époque romaine ; ce nome est l’un des rares du delta du Nil à être documenté par un important corpus papyrologique.

Le lac Menzaleh a toujours été, depuis la plus haute antiquité, un lieu où les égyptiens se livraient à la chasse, à la pêche et à l’exploitation du papyrus qui y poussait abondamment. Durant l’inondation, les poissons de mer entraient dans le lac par les graus pour frayer en eau douce, tandis que les autres mois de l’année les eaux y étaient plus saumâtres.

C’est de Tanis, au sud du lac, que proviennent un grand nombre des statues et colonnes qui ornent les collections des grands musées y compris du musée égyptien du Caire, comme les fameux sphinx d’Amenemhat III de la XIIe dynastie ; c’est aussi sous les traits d’Amenemhat III, qu’ont été retrouvées des statues des génies de la pêche, chacun portant des plateaux d’offrande emplis de poissons.