Tekenou
Article mis en ligne le 11 octobre 2023
dernière modification le 25 septembre 2023

Dans de nombreuses scènes décrivant les étapes des rituels funéraires égyptiens, on rencontre une forme énigmatique que les textes nomment tekenou.

Cet élément prend la forme d’une sorte de sac d’où seule émerge une tête humaine. Ce paquet semble représenter un être humain enveloppé dans un sac ou une peau animale. Il est souvent placé sur un traîneau et fait partie du convoi funéraire au même titre que les canopes ou la momie. C’est d’ailleurs entre le sarcophage et le coffre aux canopes que le tekenou prend place dans le convoi funéraire. On a de fait suggéré que ce sac pouvait contenir les éléments anatomiques qui n’avaient pu être momifies ou placés dans les vases canopes et qui restaient malgré tout nécessaires au défunt, si celui-ci désirait pouvoir être pleinement régénéré par les rites funéraires.

On se rappellera que la découverte de la tombe de Toutankhamon fut conditionnée par celle d’une cache d’objets et de déchets provenant des opérations mettant en jeu l’embaumement du jeune roi. Imbibés de sa matière, ils faisaient partie intégrante de sa personne et ne pouvaient être jetés. Néanmoins, cette explication pose problème si l’on considère que jamais aucun de ces sacs n’a jamais été découvert dans une tombe. Si la représentation du Tekenou semble apparaître au Moyen Empire, dans la tombe thébaine d’Antefoker, il est admis que ses origines remontent à une époque antérieure et qu’il faut sans doute en chercher la trace dans les rituels funéraires de Bouto.

Certains auteurs ont voulu y voir la résurgence archaïque d’un sacrifice humain originel. Herman Kees voulait y voir, de façon intéressante, une image symbolique de l’humain défait par la mort, qui pourrait devenir la proie détournée des forces du chaos, protégeant du même coup le véritable corps de toute attaque démoniaque. D’autres l’ont rapproché de la forme contractée des corps enterrés à l’époque préhistorique. On pourrait y voir plus simplement une image du corps du défunt présente lors des rituels. On se souviendra ainsi que les souverains de Kerma au Moyen Empire en Nubie, se faisaient enterrer dans une peau d’animal, cette dernière faisant vraisemblablement office de chrysalide participant à la régénération physique du défunt. Cette revivification du corps mort par le passage dans un incubateur animal fait de peau pourrait être une des réalités exprimée par la masse informe du tekenou.

En effet, les courts textes accompagnant ces représentations, les mettent en rapport avec la Ville de la Peau Animale, un Lac de Khépri et un Lac de Héket, ces deux toponymes semblant lier cette partie du rituel avec la réjuvénation et la renaissance du défunt.