Les Damnés
Article mis en ligne le 25 avril 2018
dernière modification le 10 avril 2018

L’apothéose du soleil dans le monde inférieur est aussi celle des justes. Leur cheminement peut être plus moins direct. Ainsi, la 10e heure du Livre de l’Amdouat et la 9e heure du Livre des Portes, montre des personnages noyés dans le Nil, accédant au monde inférieur, guidés par Horus ou le soleil, par le truchement du Noun qu’ils ont avalé : cette scène exprime la divinisation par la noyade.

Il n’en va pas de même pour tous. Dans le Livre des Portes, des arpenteurs divins divisent les champs en parcelles : justes avec les justes, injustes avec les damnés.

Tels les Parques, ils mesurent la vie de la même façon pour chacun. L’eau du Lac de feu, qui brûle les damnés, apporte en revanche la fraîcheur aux esprits (Akhou) qui la boivent.

De fait, le régime alimentaire réservé aux êtres du monde inférieur est exclusivement végétal, car seuls les ennemis sont abattus. Si corps et doivent se sustenter au moyen des offrandes traditionnelles, l’ensemble des êtres vivants apparaît comme une création divine devant, de ce fait, être épargnés.

En effet, dans le monde des morts, seuls les damnés sont promis à la mort réelle et définitive. Ennemis du soleil, ils ne reçoivent, par conséquent, ni lumière, ni air, ni moyens de subsistance. Ils se tiennent la tête à l’envers et se nourrissent de leurs déjections. Bras liés, ils sont livrés aux massacreurs de la place de destruction. Leurs chairs sont cuites et brûlées dans des chaudrons, tandis que les autres composants de leur être sont aussi détruits. Ils sont ainsi condamnés à l’anéantissement, à la non-existence qui appartient, en soi, à l’autre monde. Pour les justes, en revanche, cette apothéose aboutit à une renaissance, une régénération sexuée : les damnés sont en effet privés de caractères sexuels dans les représentations.