Le port de Canope, situé dans le delta occidental du Nil, à l’emplacement de l’actuelle Aboukir, fut ainsi appelé par les Grecs en souvenir de Canope, pilote de Ménélas. A l’époque ptolémaïque, Osiris y était vénéré sous la forme d’une cruche fermée par un bouchon figurant sa tête. Les anciens Egyptiens plaçaient les viscères du défunt dans des vases dont les bouchons représentaient la tête des quatre fils d’Horus. Les premières jarres funéraires ainsi découvertes furent désignées sous le nom de canope en raison de leur ressemblance avec les vases d’Osiris.
Quatre dieux et quatre déesses

Tout les organes n’étaient pas conservés. Seuls les poumons, le foie, les intestins et l’estomac étaient soumis à un traitement particulier. Extraits du corps, ils étaient nettoyés, placés dans un bain de résine, emmailloté dans des bandelettes de lin puis déposés dans les canopes.
Ces derniers, au nombre de quatre, étaient en terre, en pierre ou en faïence. Leur forme est restée quasiment identique de l’Ancien Empire à l’époque tardive. Evasés, à fond plat, ils étaient fermés à l’origine par un simple bouchon. Chaque organe était placé sous la protection d’un fils d’Horus : Hâpi le babouin pour les poumons, Amset à tête d’homme pour le foie, Qebesehnouf le faucon pour les intestins et Douamoutef le chacal pour l’estomac. Très vite, les bouchons reproduisent les visages de ces dieux.

De plus, ces divinités étaient eux-mêmes protégeaient par quatre déesses liés aux quatre points cardinaux, figurés par les angles des coffres ou des chapelles funéraires : Nephtys et le sud protégeait Hâpi, Isis et nord veillait sur Amset, Serket et l’ouest se chargeait de Qebesehnouf, Neith et l’est pour Douamoutef. Une inscription gravée sur la panse du vase donnait les noms des dieux concernés et plaçait l’organe sous leur protection.
Des fosses à viscères aux vases canopes
Sous l’Ancien Empire, les viscères n’étaient pas systématiquement retirés du corps. Enroulés dans des bandelettes, ils étaient rangés dans une cavité près du sarcophage ou, à partir de la IVem dynastie, dans des coffres de pierre comportant quatre compartiments. Les vases canopes proprement dit apparaissent au Nouvel Empire et ils sont présents dans la quasi totalité des tombeaux de cette époque. Les bouchons figurent les fils d’Horus sous forme humaine ou animale.

Au cours de la troisième période intermédiaire (1069-672 avant J.C.), les entrailles couvertes de résine, emmaillotées, sont replacés à l’intérieur du corps. Ces paquets contiennent parfois des figurines de cire à l’effigie des fils d’Horus. Différents organes sont parfois emmaillotés ensemble. Replacé au hasard, ces paquets n’ont pas toujours été retrouvés au bon endroit et pouvaient contenir des viscères qui n’étaient pas conservés habituellement. C’est le cas notamment pour la reine Taousert de la XXIem dynastie. Ses poumons, saupoudrés de sciure, reposaient dans la partie supérieure droite du thorax. Juste au-dessus se trouvaient le foie et une figurine de singe. A gauche de ces derniers, un paquet contenait l’estomac et le rein gauche. Le rein droit et un morceau d’intestin étaient dans un linge situé dans l’abdomen, tandis que le reste des intestins étaient enroulés autour d’une figurine de Douamoutef ! L’usage des vases canopes s’est perpétué mais de façon anarchique. Il existait même de faux vases en pierre ne contenant pas de viscères.
Les cercueils miniatures

Une pratique plus rare, apparue sous le Nouvel Empire, consistait à traiter les différents organes comme autant de défunts et à les enterrer dans des cercueils miniatures à la place des vases. Ils étaient tout de même déposé dans un coffre.
Une tradition tenace
A la basse époque, les viscères emmaillotés étaient parfois enterrés avec le défunt, entre ses jambes. Quelque-fois, les entrailles reposaient dans les canopes ; tandis que quatre paquets factices fais de toile roulée imprégnée de résine occupaient la cavité abdominale.
Avec l’arrivée des Grecs puis de Romains en Egypte, les momies ne sont plus éviscérées, mais des canopes vides, de qualité médiocre, accompagnent le défunt pour son voyage dans l’au-delà !
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