
Un site aussi célèbre que celui de Gizeh avait pourtant été fouillé en tout sens depuis le XVIIIe siècle. Mais les sables du plateau sont loin d’avoir livrés tous leurs secrets. C’est ainsi qu’un jour de 1991, la monture d’un cavalier arpentant les environs du Sphinx s’emballa, se cabra de toute sa hauteur et retomba lourdement sur un tertre plusieurs fois fouillé. Le tertre craqua sous son poids et s’entrouvrit sur une mystérieuse cavité. Légèrement blessé, le cavalier alerta malgré tout le bureau des antiquité, conscient de l’importance de sa découverte.
Zahi Hawass, directeur des pyramides de Gizeh et de la nécropole de Saqqarah se rend immédiatement sur place, accompagné de ses meilleurs assistants. Une fois agrandie, l’anfractuosité se révèle être une tombe. Sous la couche de sable, les archéologues détectent la présence d’un squelette en position foetale, la tête posée sur un coussin de mortier. Du fait de l’aridité du climat, il est dans un excellent état de conservation. Surprise, il s’agit d’un ouvrier des pyramides. Comme l’indique une inscription sur la fausse porte en calcaire de la tombe.
Des centaines de tombes

Quelqu’une des statues extraites des tombesZahi Hawass lance ses équipes de fouilleurs à la recherche d’autres sépultures ; toute une nécropole va ainsi surgir des sables. Une nécropole ou ont été enterrés les meilleurs ouvriers de Pharaon, tailleurs de pierre, sculpteurs, peintres, artisans...
Pendant plusieurs mois, les fellahs vont déplacer des montagnes de sable à l’aide d’ânes et de couffins, bientôt relayés par des camions et des wagonnets de mine. Un travail extrêmement pénible qui n’était possible que le matin avant que la chaleur implacable du soleil au zénith ne vide le chantier.
Cette découverte capitale confirme que les pyramides n’ont pas été construites par des esclaves comme on le pense généralement, mais par des hommes libres, paysans enrôlés pendant les crues du Nil et artisans qualifiés attachés à l’année aux chantiers. Ses ouvriers, les plus chevronnés d’Egypte, eurent l’honneur insigne d’être inhumés à proximité de leur souverain. La nécropole se trouve néanmoins à l’extérieur de l’enceinte sacrée du complexe funéraire.

La nécropole des ouvriers rassemble une foule de toutes petites pyramides et de mastabas en modèle réduit. Des photos aériennes du site permettent de relever des agencements de tombes particuliers : Plusieurs sépultures de tailles réduites sont regroupés derrière une tombe plus élaboré. D’après le directeur du chantier des fouilles, Mansour Radwan, il s’agirait sans doute d’ouvriers s’étant fait enterrés près de leur chef d’équipe.
Intérêt de la découverte
La plupart de ces tombes ont été construites avec des matériaux récupérés sur le chantier des pyramides : Basalte, granit, calcaire voir même albâtre.
Les sépultures sont étudiées une à une. Une fois la tombe ouverte il faut la désensablé le plus délicatement possible. Il est important de préserver l’intégrité des précieux ossements humains et du mobilier funéraire. Les squelettes sont délicatement dégagés centimètre par centimètre à l’aide de pinceaux et de petites spatules.

A proximité, des médecins spécialistes, capable de déterminer le sexe d’un cadavre d’un seul coup d’oeil, examinent les restes millénaires. Ils ont ainsi découvert les restes d’une femme atteinte de nanisme. Les archéologues s’interrogent sur la présence de cette femme sur le chantier. Peut-être était-elle là pour divertir les ouvriers. Les personnages difformes étant appréciés des Egyptiens depuis l’Ancien Empire.
L’examen approfondis des squelettes permet de mieux connaître la vie des ouvriers. La plupart sont mort entre trente-cinq et quarante ans. Ils présentaient en grande majorité les mêmes symptômes : Colonnes vertébrales voûtés, vertèbres dorsales hypertrophiées, témoignage de durs efforts répétés tous au long de leurs vies.