La fête de Min
Article mis en ligne le 24 juin 2024
dernière modification le 20 mai 2024

La grande fête de Min avait lieu au mois de mars, le premier de la saison sèche. Min était le dieu des moissons, de la fertalité et de la virilité. Pharaon lui offrait à cette occasion le premier épi de blé coupé au début des moissons. Cette cérémonie était une nouvelle occasion pour lui de réaffirmer son pouvoir sur la Haute et la Basse-Egypte et de remercier le dieu de lui avoir insuflé ses forces créatrices.

Pour commencer les festivités, le pharaon, "brillant comme le soleil levant", sort de son palais en costume d’apparat, coiffé de la couronne bleue Khepreesch, assis sur un magnifique trône placé à l’interieur d’un dais porté par douze hommes, choisis parmi ses fils et les grands dignitaires de la cour. Un lion marchant et un sphinx décoraient les flancs du trône. Deux déesses ailées ornaient l’arrière.

D’autres membres de la cour escortaient la litière royale armés d’éventails et de chasse-mouches. Devant marchaient les prêtres et les musiciens suivis des autres fils royaux et de dignitaires portant les insignes pharaoniques : la canne, le sceptre, le fléau et la hache.

Derrière eux, le prêtre chargé du bon déroulement des cérémonies tient entre les mains un long rouleau de papyrus où sont inscrits tous les détails des festivités. A haute voix, il lit les formules magiques dédiées au souverain en pareille occasion. Devant le palanquin chamaré de pharaon, un autre prêtre, nu juqu’à la taille, encense le monarque d’un geste lent et solennel. Derrière la litière se tiennent les autres dignitaires et les officiers superieurs. Les soldats, armés de massues et de lances, ferment la marche. Ce long défilé royal se rend majestuesement vers la chapelle du dieu Min, ou le roi seul, pourra contampler sa beauté.

Transport de la récolte dans les greniers royaux

Arrivé devant le lieu de culte, pharaon met pied à terre et se place face au temple pour accomplir les rituels d’encenssement, de libations et d’offrandes à "son père Min", marquant ainsi le début des cérémonies. Les portes du sanctuaire s’ouvrent.

Les hommages à Min

Dans la chapelle, la statue du dieu est flanquée, de chaque côté, d’une hutte conique en forme de ruche, représentent son sanctuaire primitif dans le désert, et de carrés de salades, considérées comme aphrodisiaques.

Quant à la statue divine, elle montre Min coiffé d’un mortier d’où sortent deux plumes. Son corps et ses jambes sont serrés dans une gaine. Il porte la barbe postiche au menton. Des prêtres "purs" hissent la statue du dieu sur un palanquin garni de tapis qui va être trasnporté par vingt-deux d’entre eux.

Une seconde procession commence alors, qui va conduire l’image de la divinité jusqu’à un reposoir, où elle doit être déposée. La pavois divin est à son tour entouré de prêtres armés d’eventails. Pendant ce temps Pharaon change de coiffe, il échange la courone bleu contre celle de Basse-Egypte. La reine, son épouse, se tient maintenant à ses côtés.

Le cortège reprend sa progréssion. Deux files de prêtres s’avancent en tête. L’une est composé de prêtres tenant sur l’épaule droite les statuettes en bois doré des ancêtres royaux de Pharaon. L’autre appartient au groupe des porte-enseignes (ibis, faucon, chacal, massue ou fouet), représentations des dieux qui ont accompagné Min dans sa longue migration. Juste derrière s’avance le pavoi du dieu lui-même, suivis par le couple de souverain précedant un splendide taureau blanc portant entre ses cornes le disque solaire. C’est l’incarnation terrestre du dieu, appelé Min-Kamoutef, "le taureau de sa mère". La mère désignant Isis et non la mère du pharaon. Min ayant fécondé la mère d’Horus dont le souverain est le double terrestre. Un prêtre agite son ensencoir sur le taureau, le roi et la statue.

Le chant du nègre de Pount

Scène de fécondation du dieu Min,
Karnak

Le cortège fait halte à de nombreuses reprises sur le trajet pour permetre à un prêtre lecteur de chanter au un hymne à la gloire du dieu et de Pharaon. C’est lors d’un de ces étapes qu’intervient le "chant du nègre de Pount". On ne sait pas grand chose de son déroulement précis, sinon que les dieux qui dansaient pour Min cédaient leur place à la dance et au chant d’un nègre du pays de Pount. Le prêtre lecteur récite alors son papyrus : "Salut à toi, Min signeur de Senout, maître d’Ipou, au corps de lapis-lazuli. Combien puissant est ton visage, ô taureau venu des déserts, le coeur en fête lorsque tu fus proclamé roi des dieux." Min, appelé parfois père des nègres pour les avoir créés, est rptésenté avec un visage noir pour montrer que ses sujets primitifs avaient du sang africain.

La procession arrive enfin au reposoir où est installée la statue divine. Après une nouvelle offrande de Pharaon au dieu, les prêtres lachent quatre oiseaux migrateurs - des rolliers - aux quatres coins cardinaux pour annoncer aux autres dieux que le souverain vient de renouveler son avènement.

Ces volatiles figurent les quaqre fils d’Horus, qui en son temps, les envoya pour signifier aux autres divinités son accession au trône. Amset s’envole vers le sud, Douamoutef vers l’ouest, Hapi vers le nord et Kebehsenouf vers l’est. Le roi ainsi assimilé à Horus, place alors sur sa tête la double couronne de Haute et Basse-Egypte.

L’épi de ble

Un fonctionnaire remet alors à Pharaon une faucille en cuivre recouverte d’or et une gerbe d’épeautre [1] avec sa terre. Une prêtresse fait alors sept fois le tour du souverain en recitant un hymne à la fertilité, tandis que le roi coupe symboliquement la gerbe comme un moissoneur dans son champ, avant de le présenter au dieu. Le monarque conserve pieusement un des épis. La cérémonie s’achève. Avant que la statue de Min ne réintègre le naos de son temple, le roi fait une dernière offrande et l’encense. Il peut alors retourner dans son palais, à nouveau coiffé de la couronne bleue.