La magie
Talismans et incantations
Article mis en ligne le 28 juin 2024
dernière modification le 20 mai 2024

Religion et magie ont toujours été très liés dans l’Egypte Antique. La magie permettait aux Egyptiens de surmonter les difficultés quotidiennes. Elle servait aussi dans l’exercice de la médecine ou pour la protection physique contre tous types d’agressions.

Formule magique sur papyrus,
Musée du Louvre

La magie repose sur la croyance en des forces mystérieuses sur lesquelles l’homme ne pourrait pas agir. Prêtres et particuliers ne se privaient pas de l’utiliser en adressant par exemple des "lettres aux morts" pour leur demander d’intercéder en leur faveur. Deux puissances sont en jeu : le nom et l’image. Pour les Egyptien, en effet, le nom de l’individu est l’individu lui-même.

Lire son nom revient à ressusciter la personne, ce qui permet d’agir sur elle ou d’invoquer son aide. De même, représenter un être ou un objet, c’est introduire dans la représentation figurée une part de la personnalité, de sorte que toute action sur cette représentation peut atteindre le modèle.

C’est cette notion "analogique" que les Egyptiens utilisent comme "magie sympathique". Ainsi, formules, rites et objets magiques sont utilisés pour tenter de guérir des maladies incurables et qui à leurs yeux restent mystérieuses ou pour se protéger contre ces maladies en les éloignant.

Formules et rites

Horus térrassant les crocodiles

Pour obtenir l’effet désiré ou pour voir un voeu exaucé, certaines formules doivent être prononcées dans un ordre précis et selon un rituel très rigoureux. Ainsi, les différentes manières de réciter la formule, la personne chargée de la dire, le lieu, les gestes qui doivent l’accompagner constituent le rite. Celui-ci est en général clairement indiqué dans la formule magique.

Le magicien peut s’adresser directement à la maladie ou à l’esprit déclaré responsable du mal. On trouve ainsi sur des papyrus : "incantation contre la maladie meshpent : sort, toi qui es entré, et n’emporte rien en t’en allant, quoique que tu n’aies pas de main ! Enfuis-toi de moi, je suis Horus ! va-t-en, je suis le fils d’Osiris ! Les formules magiques de ma mère protègent mon corps, de sorte que rien de mal ne peut arriver à mes membres et le meshpent ne peut s’établir dans mon corps. Sors dehors ! Une formule qu’i convient de prononcer sept fois pour la rendre efficace."

L’injonction assimile le malade à Horus, comme pour lui donner plus de puissance. Chaque maladie mystérieuse trouve ainsi son ennemi dans une formule magique avec le rite précis sans lequel aucune incantation ne pourrait être bénéfique.

Souvent, cependant, la personnalité du récitant n’est pas indiquée. Parfois seulement, il s’agit d’un personnage très spécialisé, comme dans le cas de la formule pour faciliter l’accouchement, qui devra être récitée par le lecteur du Livre des Saints. Dans les temps les plus anciens, les formules devaient être répétées quatre fois, parfois sept, chiffre qui devient prédominant à l’époque ptolémaïque.

Objets magiques

Statue guériseuse en basalte,
Musée du Louvre.

Indépendamment des formules, la magie médicale utilises des substrats matériels variés à titre préventif ou curatif, d’où le pouvoir des amulettes, nombreuses et variées, adaptées à chaque cas particulier. La représentation des emblèmes royaux donne la puissance. Le hiéroglyphe en forme de croix ansée donne la vie, le dieu Horus debout sur deux crocodiles protège contre les morsures des serpents et des sauriens ; la déesse hippopotame assure une bonne maternité. La partie valant pour le tout, le crin d’éléphant prévient les caries en raison de ses défenses en ivoire. On écrit parfois des formules sur un papyrus porté en pendentif. Le pouvoir de la formule peut aussi être transféré en trempant le morceau de papyrus ou l’ostraca sur lequel on l’a inscrite dans un liquide, que l’on se passe sur le corps ou que l’on boit.

La magie noire était rarement utilisée dans le domaine de la médecine. On a pourtant retrouvé à Gizeh des figurines d’envoûtement destinées à conjurer les "morts dangereux", susceptibles de transmettre des maladies incurables ou de les provoquer. Ces figurines en terre, fabriquées comme des empreintes de sceau, représentent un homme agenouillé, un flot de sang s’échappant de sa tête et un couteau traversant son cou.

Enfin, parmi les objets les moins étranges, la magie égyptienne fait appel à des statues guérisseuses. Celles-ci possèdent la fonction très particulière de guérir des morsures et piqûres d’animaux venimeux. Elles sont de deux types : Soit une stèle représentant HorusBès piétinant un crocodile, soit un homme portant devant lui cette même stèle en miniature. Des hiéroglyphes recouvrent tout l’objet. Il suffit de répandre le l’eau sur la stèle pour que le liquide s’imprègne des vertus magiques de la statue. Versée sur la plaie ou but, l’eau, chargée de vertus salvatrices, peut dès lors guérir les morsures. On peut ainsi lire sur l’une de ces statues conservées au Louvre : "Bastet s’empara de tout ennemi, de tout serpent, de tout scorpion, de tout animal venimeux qui aura piqué cet homme qui boit de cette eau le mauvais venin... qui boit de cette eau fait que son cœur, sa poitrine sont fortifiés grâce à ces protections magiques qui lui sont acquises. Le venin n’entre pas dans son cœur."

Les amulettes

Ivoire décoré de texte conjurant le mauvais sort,
Musée du Louvre.

Les Egyptiens faisaient aussi usage d’amulettes. Il s’agissait souvent d’une simple cordelette noué un nombre de fois précis et contenant parfois une substance magique telle que des os de souris ou des fleurs. Les fleurs justement était préconisés contre le mal de tête comme le rapporte cette recette magique : "Horus combattait avec Seth dans un fourré, étant seul. Le fils de Geb se lamentait et entendait que Horus cessait de combattre et que la tête d’Horus était malade. cria à Isis : "Hâte-toi à lui et supprime son mal !" Isis dit : "je parle moi, Isis, mère d’Horus, et il sera donc vainqueur de toutes les maladies." Dire sur des fleurs d’un seul arbrisseau, les broyer dans la main gauche, les mouiller de lait, en cacher un grain dans un bandeau, le lier à sept noeuds et le mettre au cou de l’homme.