Les soins dentaires
Article mis en ligne le 17 juillet 2024
dernière modification le 11 juillet 2024

Les dentistes existaient déjà dans l’Egypte Antique. On connaît par exemple les noms d’une cinquantaine de praticien qui portaient le titre de dentiste sous l’Ancien Empire. L’existence de ces médecins spécialisés est attesté par des auteurs classique, comme Hérodote et d’autres auteurs autochtones.

Parmi ces ancêtres de nos praticiens moderne, on fait la distinction entre les grands spécialistes our-iryou-ibehou, littéralement « grands de ceux qui sont concernés par les dents », et les simple « dentistes », les iryou-ibehou.

Thot dieu des scribes, des savants et des dentistes, temple d’Abydos

Mais cette traduction ne doit pas être pris au pied de la lettre. Théologiquement, c’est Pharaon qui est le responsable et le garant de la santé de ses sujets. Son médecin personnel portait le titre de « grand des médecins du palais » et supervisait la médecine du pays entier. Il était secondé par un certain nombre de spécialistes (ophtalmologistes, spécialistes du ventre, dentistes, etc.) qui effectuaient des recherches médicales et rédigeaient des recueils mis à la disposition des thérapeutes (sounou) dispersés dans toute l’Egypte.

La spécialisation de dentiste n’existait donc que dans le palais royal, le reste de la population se faisant soigner par leur médecin généraliste. Le « dentiste » était donc spécialisé dans l’étude des traitements et des soins dentaires, mais il pouvait en même temps porter le titre d’ophtalmologiste s’il menait conjointement des recherches sur les maladies des yeux.

De bons observateurs

Le dentiste était donc plus un chercheur qu’un véritable thérapeute. Il imaginait des traitements efficaces pour les maladies de la bouche et des dents. Bien qu’aucun traité purement dentaire n’est été retrouvé, une partie de leurs observations nous sont pourtant connus, disséminés dans différents papyrus médicaux.

Le plus célèbre d’entre eux, le papyrus Ebers, remontant à l’Ancien Empire, présente une classification des maux de la bouche et des dents, ainsi que des proposition de remèdes. L’observation des dents et des gencives y sert en outre à établir un diagnostic de santé plus général, aussi bien pour les hommes que pour les animaux. En voici un exemple tiré du papyrus chirurgical Edwin Smith du Moyen Empire :

« Descriptif concernant l’examen d’un taureau atteint d’un souffle. Si j’examine un taureau atteint d’un souffle : ses yeux coulent, ses tempes sont lourdes, les racines de ses dents sont rouges, son cou oscille . Ce qui doit être annoncé : il devra être étendu sur le côté, et on devra l’arroser avec une eau fraîche. »

Des traitements peu efficaces

Les Egyptiens considéraient la dent comme une unité anatomique qu’on ne concevait pas en dehors de son environnement. Elle est en effet solidaire de l’os de la mâchoire et de la gencive. La carie, affection observée dès les époques anciennes, se caractérisait pour eux par une disparition de la substance de la dent. Cependant, l’étude des restes humains nous révèle que ce mal n’était pas très fréquent aux temps pharaoniques. C’est seulement à partir de l’époque Ptolémaïque que les caries se propagèrent. Phénomène dut aux changements d’habitudes alimentaires : Nourriture plus riche et plus varié. Apport beaucoup plus important de sucre.

Les autres maux dentaires que les praticiens tentaient de traiter étaient la gingivite et les abcès. L’examen de la momie d’Aménophis III a ainsi révélé que ce pharaon souffrait de nombreux abcès. Les médecins cherchaient surtout à prévenir le mal. le papyrus Ebers recense ainsi dix remèdes sensé « maintenir en état une dent ».

Si les observations médicales semblent remarquables, les remèdes surprennent par leur inefficacité apparente. Un passage d’un recueil médical semble en revanche indiquer que le "plombage" se pratiquait :

« commencement des remèdes pour raffermir une dent : (?) Résine de térébinthe : 1 ; terre de Nubie :1 ; collyre vert :1 . A piler et à mettre dans la dent. » [1]

On admet généralement que les Egyptiens arrachaient les dents malades ; malheureusement aucune preuve n’est venu confirmer cette théorie. On sait par contre avec certitude que les médecins Copte extrayaient des dents. Ils appliquaient au préalable un analgésique sur la joue ou sur la racine de la dent.

Symbolique de la dent

Instruments médicaux, Kôm-Ombo

Médecine et magie sont intimement liées aux temps pharaoniques, la maladie étant toujours considérée comme une intervention du chaos dans l’ordre de l’univers. On a retrouvé des formules magiques qui avaient pour but d’anéantir « l’ennemi qui est dans la dent ». Les dents possédaient d’ailleurs un symbolisme particulier dans le contexte funéraire. Plus particulièrement les dents de lait qui représentaient la renaissance. On souhaitait que sa bouche « soit la bouche d’un veau de lait le jour de sa naissance ». [2]
Ailleurs, ce sont les dents du dieu créateur qui sont évoquées. Résidant dans la bouche, qui émet le verbe créateur, les dents participent à l’acte de création : dents et lèvres sont en effet indispensables pour articuler les sons et rendre ainsi concret le monde que le créateur avait conçu dans son esprit.