Le chat, animal divin
Article mis en ligne le 19 juillet 2024
dernière modification le 11 juillet 2024

Animal sacré et familier, le chat était considéré comme le protecteur des récoltes, l’animal favori des puissants, le fidèle compagnon des humbles, l’incarnation des dieux. Vivant comme mort, il est traité avec les plus grands égards et est souvent momifié après sa mort.

Bastet

Le chat égyptien mau dans la langue antique serait originaire d’Asie. Cet animal à la fourrure courte et mouchetée fut domestiqué entre le XXXe et le XXe siècle avant J.C.. Il était bien plus qu’un animal de compagnie. Il accompagnait par exemple le chef de famille à la chasse. Il était surtout le fidèle protecteur des récoltes, éliminant sans pitié les rats et les souris qui essayaient de dévorer le grain des riches terres de l’Egypte, grenier à blé du monde civilisé. Les propriétaires de chat aurait préféré se laisser mourir de faim plutôt que de manger l’animal sacré.

Le « miou » égyptien (dont la légende raconte que son léger strabisme est du au fait qu’il surveillait, en le fixant, les vases sacrés des temples) et l’abyssin, une des races les plus anciennes, au pelage court et tiqueté, au corps long et mince, à la puissance et à la vivacité légendaires, sont présents et idolâtrés dans presque tout les foyers. Hérodote rapporte que « Lorsque la maison brûle’ personne ne s’occupe d’éteindre l’incendie : seuls les chats comptent ».

Protégé par la loi

Momie de chat

Au palais, le chat est le "jouet" de prédilection des dames de haut rang. Les puissants se font représenter sur la stèle de leur sépulture avec leur félin préféré. A Thèbes, le dénommé Thoutmosis tint à ce que sa chatte favorite reposât près de lui. Dans tout le pays, le très populaire animal, représenté sur des milliers de peintures, de figurines et de bijoux, est protégé par des lois sévères. Il est interdit de l’injurier de quelque manière que ce soit. Les contrebandiers qui outrepassaient l’interdiction de transport de l’animal hors du royaume des Deux Terres encouraient la peine capitale. Les chats étaient momifiés au même titre que les humains et enseveli dans une nécropole spéciale. Autour de sa sépulture on déposait des momies de souris, pour que jusque dans l’au-delà, le rusé chasseur continue d’exercer son art.

Le chat, média des dieux

Les chats étaient considérés comme sacrés par respect pour les dieux, avec lesquels ils sont en relation.

Bastet, fille de , déesse de l’Amour, image idéale de la femme, bienfaitrice et protectrice de l’humanité. Celle-ci est souvent représenté sous la forme d’une chatte, un couteau dans la patte, coupant la tête du serpent Apophis, ennemi du soleil lors de son voyage nocturne. La légende raconte que les prêtres de Bastet avaient créé le chat à partir du serval, un félidé africain qui vivait à l’état sauvage au sud du désert du Sahara.

Pasht, divinité lunaire à tête de chat, veillait elle aussi sur le Soleil endormi pour le protéger du serpent des ténèbres, son éternel ennemi, qu’elle maintenait sous sa patte. En anglais, son nom a donné l’expression Pussy Cat.

Le félin avait le pouvoir de moduler le "nom sacré". Le chat Sothi, dont la momie se trouve au Louvre avait reçu le "sublime honneur de savoir prononcer exactement le nom de la Puissante Nature".

300 000 momies tombées en poussière

En 1888, à Beni-Hassan, près de Bubastis, 300 000 momies de chats furent mises au jour. En l’absence d’un archéologue compétent, l’ensemble, représentant un poids de vingt tonnes fut expédié à Liverpool ou elles furent vendus aux enchères pour un prix dérisoire et transformé en engrais ! Triste retour des choses pour ces zélés protecteurs des récoltes.