Amon n’était pas un dieu très populaire avant que les pharaons de la XIIe dynastie n’en fassent le dieu principal du pays. Son clergé, installé à Thèbes, lui adjoint une épouse, Mout, et un fils, Khonsou, car il était indispensable que le dieu principal de l’Egypte possède sa propre triade.

On suppose que la fête d’Opet correspondait au désir du pharaon Aménophis III d’asseoir définitivement son pouvoir divin sur le Double Pays. L’épouse de ce souverain n’était pas de lignée royale. Ces parents n’étaient que des dignitaires de la cour et sa mère, Moutemouïa, était même une étrangère, une princesse du Mitanni. La légitimité royale passant par les femmes, Aménophis III unit symboliquement sa mère au dieu Amon, il démontrait qu’il était lui-même fils du dieu Amon-Rê et non issus d’un père humain, en l’occurrence Thoutmosis IV.

On ne sait pas pendant combien de temps fut célébré cette fête, mais on peut supposer qu’elle prit fin sous la XXIe dynastie, lorsque la capitale de l’Empire fut déplacé dans le Delta à Tanis.

La sortie de Karnak

Devant une foule immense, les paysans désoeuvrés ayant désertés leur champs recouvert par l’inondation, les portes du temple s’ouvrent enfin dans un silence impressionnant. En tête du cortège s’avance Pharaon, suivi de la barque divine sur laquelle repose une chapelle renfermant la statue d’Amon masquer à la vue des simples mortels. La procession rejoint le port du temple pour embarquer sur le bateau divin Ousirhat, « puissance de proue ». Les barques portatives d’Amon, la plus grande, reconnaissable aux deux têtes de bélier qui en ornent la proue, celle de Mout décoré de deux tête de femme coiffées d’une dépouille de vautour, et de Khonsou, orné de deux têtes de faucon, sont installés à bord pour accomplir le voyage fluvial de trois kilomètres qui séparent Karnak du temple de Louxor.

Le cortège portant les barques sacrées s’avance sur le dromos bordé de sphinx à tête de bélier qui prolonge le temple de Karnak. Devant eux, un musicien frappe sur un tambourin, pendant que les prêtres brûlent de la résine de térébinthe dans un encensoir et jettent du sable devant eux.
Le long du quai, les vrais barques divines, longues de près de soixante mètres et richement décorés sont remorqué dans le canal qui conduit au Nil par des haleurs encouragés par les cris enthousiaste de la foule. Pharaon et la Grande Epouse Royale ont pris place sur le pont de la nef royale. Des soldats en grands uniformes marchent sur les berges. Des musiciens jouent du sistre, du crotale ou de la trompette pour les accompagner.

Une fois parvenus au fleuve, les trois barques divines sont tractés par des bateaux à rame et à voiles. Ils sont entourés par un noria d’embarcations de toute tailles qui accompagnent l’imposant cortège. Le peuple égyptien tout entier suit la procession sur les deux rives du fleuve.

Renaissance de pharaon

La procession durait plusieurs heures avant que la flottille n’accoste le long du quai du temple de Louxor. Une foule nombreuse était la pour l’accueillir. La barque d’Amon arrive devant l’entrée latérale du temple. Les barques portatives sont prises en charge par les porteurs, qui pénètrent dans l’enceinte du temple, longeant d’abord une série de chapelles dont les autels sont garnis d’offrandes, avant de se retrouver par une seconde porte dans la grande cour de Ramsès II. De là, la procession traverse la salle de la grande colonnade pour gagner la cour d’Aménophis III, au fond de laquelle les porteurs déposent les barques de Mout et de Khonsou. Seule celle d’Amon est acheminée dans une petite chapelle attenante. La cérémonie s’achevait dans la salle de la Naissance Divine où la reine-mère épouse symboliquement Amon pour redonner naissance à son fils, Pharaon et le consolider dans ses pouvoirs spirituel et terrestre.