Le mobilier de la haute société égyptienne
Article mis en ligne le 9 août 2024
dernière modification le 12 juillet 2024
Fauteuil de la XVIIIe dynastie, Le Caire

On pourrait définir le mobilier en deux mots : minimalisme et raffinement. Un confort sobre mais subtil, qui démontre à l’envie, l’intérêt des Egyptiens pour les belles choses. Bois, pierre, incrustations précieuses, le mobilier des riches sujets de Pharaon s’intègre parfaitement dans l’harmonie conviviale d’un habitat épuré.

Déjà sous Louis XVI, les ébénistes français se sont inspiré des meubles égyptiens. De nombreuses dessertes, semainiers ou bonheur-du-jour sont ornés de motifs égyptiens.

Après le retour d’Egypte de Bonaparte, les créateurs français se sont de nouveaux largement inspiré des égyptiens. Cela donnera naissance à la création de meubles et d’objets directement inspirés par les découvertes des savants de l’expédition. Les sphinx, les fleurs de lotus, et les lions couchés envahissent les ateliers. Cette mode sera connue plus tard sous la dénomination stylistique de « retour d’Egypte ».

Les artisans français avaient été subjugué par la pureté et la simplicité des lignes. Si l’on observe, par exemple, le lit pliant retrouvé dans la tombe de Toutânkhamon, on se rend compte que rien n’a été réellement inventé depuis. Tout est simple et pratique. Ce lit superbe, qui accompagnait le souverain dans ses déplacements, se repliait en trois parties.

L’Egypte qui a toujours été pauvre en bois, devait importer de Nubie et du Liban, les essences nobles qui ne poussaient pas sur son sol. Ses artisans étaient de véritables artistes, capables d’incruster les meubles d’ivoire ou de pâte de verre ou de les plaquer d’or ou d’argent en feuille mince. Ils privilégiaient les motifs floraux ou animaux pour la décoration : scènes de chasse, pieds de lion, lotus, papyrus ou oiseaux ?

Visite de la demeure

Dans la chambre du maître de maison, on trouvait des lits avec marche-pied et appui-tête. Ces pièce essentielle du mobilier étaient réalisés dans du bois précieux du Liban. Leur pieds étaient très souvent taillés en forme de pattes de lion. Les côtés étaient incrustés d’ivoire. Le dossier, fait d’osier tressé très finement, représentaient des fleurs de lotus.

Chambre d’Hetepherès, épouse de Snéfrou et mère de Khéops Le Caire

Les lits égyptiens étaient bien adapté au climat de la vallée du Nil. Ils permettaient la libre circulation de l’air autour du corps du dormeur. Ils étaient généralement constitués d’une structure légère en bois, de sangles ou de nattes fixées sur un cadre.

On trouvait aussi dans cette pièce des armoires, généralement incrustées d’argent servant au rangement du linge, et un coffre au pied du lit. Ce dernier, recouvert de stuc, accueillait les perruques du propriétaire.

Dans la chambre de son épouse, on trouvait en plus, une petite table en bois d’ébène destiné à recevoir de petits coffret d’albâtre ou d’obsidienne contenant les onguents et les fards. Parfois une harpe à tête de grue complétait la décoration. Un baldaquin pliant était rangé dans un coffre à proximité. Il était destiné à s’installer autour du lit. Parfois un coffret à tiroir renfermait les ustensiles de toilettes : Peignes, agrafes, ciseaux et petit miroir en cuivre.

Dans le bureau du maître, les scribes-secrétaires rangeaient soigneusement les papyrus dans des armoires spécialement conçus à cet effet. Ils étaient auparavant soigneusement roulés et placés dans des étuis en cuir. Un simple tabouret et des coffrets en bois peint munis de couvercle à pupitre attendaient d’être utilisés pour les nombreux inventaires du domaine.

Fauteuil votif, époque ramesside,
Marseille, musée de la Vieille Charité

Dans la salle de réception se trouvaient des fauteuils de bois sculpté et plaqué d’or ou d’argent aux magnifiques pieds représentant des pattes de lion. Leur haut dossiers sont incrustés de pâte de verres polychrome et de pierres fines. Leurs accoudoirs se terminent par des têtes de serpent en or. Certains étaient équipés de repose-pieds sur lesquels étaient placés des coussins recouverts de motifs géométriques que l’on retrouvaient partout. Sur de confortables divans en bois de cèdre, sur les fauteuils ou sur les chaises, voir à même le sol ou les égyptiens ne dédaignaient pas de s’asseoir. On trouvait souvent une « dalle de lustration » contenant en son centre une belle jarre peinte en [bleu céruléen], contre l’un des murs. Cette jarre remplit d’eau permettait aux invités de se rafraîchir les mains et les pieds couvert de poussière de la terre d’Egypte. De petites tables en sycomore ou plus rarement en ébène supportaient des coupes remplis de fruit et de fleur odorantes. On trouvait la aussi de nombreux coffres de toutes formes et en toutes matières, certains en or, en ivoire et en argent, d’autres en ébène incrusté d’ivoire épousaient la forme d’un cartouche royal. Certains possédaient des couvercles bombés, d’autres à pignon.

Racinet, 1888

Dans la salle à manger de nombreuses chaises aux dossiers élevées jouxtaient de petits guéridons destinés aux convives. Des grandes tables étaient destinées à recevoir les plats de viandes ou de légumes et autre corbeille de fruits. Des étagères en bois peint recevaient les autres aliments. Les banquets ne se tenaient pas à une grande table commune. Au contraire, les invités étaient répartis par trois ou quatre à de petites tables pour préserver la convivialité et l’intimité. On trouvai aussi de nombreux meubles à l’objet purement décoratif : cratères en métal venant de Syrie, guéridons inutilisables en bois serti de pierres précieuses, amphores sculptées représentant des scènes de chasse à l’hippopotame ou bien encore de petites tables sur lesquelles sont représentées en relief la maison de campagne du propriétaire ou ses domaines, voire une faune hétéroclites de lions, de singes et d’antilopes gambadant dans une foret de palmier doum.