Le Banquet funéraire
Article mis en ligne le 12 août 2024
dernière modification le 12 juillet 2024

Sur les parois des tombes, les défunts sont souvent représentés entourés d’innombrables victuailles destinés à leur alimentation dans l’au-delà. C’est en partie grâce à ces banquets funéraires que les égyptologues ont pu reconstituer les habitudes culinaires des anciens Egyptiens.

L’archéologue anglais W.B. Emery fit ainsi une découverte remarquable sur le site de Saqqarah en 1939. En explorant une tombe inviolée de la IIe dynastie, vieille d’environ 4700 ans, il tomba sur un festin réel servi dans de la vaisselle de terre cuite. Il y avait la du pain, un ragoût de pigeon, des plats de poisson, une caille rôtie, des côtelettes de porc et de jarret, de la compote de figues, des gâteaux au miel et une jarre de vin.

Bas-relief peint, Ancien Empire
musée du Louvre

On fit une découverte similaire dans une tombe de la XIXe dynastie : du pain, du canard, des noix de palmier doum, des poissons séchés, des galettes de pain. Le tout disposé sur une table. De même Howard Carter, lors de l’inventaire de la tombe de Toutânkhamon dénombra pas moins de 30 jarres à vin provenant des domaines de la « rivière occidentale » ainsi que 116 paniers contenant du raisin, des mandragores, des graines de melon, des noix doum et des fruits secs.

La faim et la soif étaient deux hantises majeures des défunts. Ayant besoin d’un approvisionnement permanent et éternel dans l’au-delà, ils se reposaient sur le monde des vivants pour le leur procurer. Ainsi, une fois les cérémonies funéraires accomplis, un culte perpétuel, rendu devant le tombeau, se déroulait face à une fausse porte en pierre, simulacre d’une porte réelle par laquelle le mort était censé passé pour venir se ravitailler en nourriture apportée par les porteurs d’offrandes. Seuls les Egyptiens fortunés pouvaient se payer le luxe d’entretenir des serviteurs du . Ces prêtres funéraires chargés par la famille d’entretenir le service alimentaire du défunt.

Gloire à Osiris, dieu de la prospérité

Pour rappeler que le mort se trouve dans la situation d’Osiris pendant tout les rituel mortuaire qui l’accompagnera dans son passage vers l’autre monde et qu’il revivra comme lui dans la lumière, ses parents plaçaient près du sarcophage des « Osiris végétant », une sorte de cadre en bois au fond tapissé de tissus et rempli d’orge et de sable. Ils étaient régulièrement arrosés jusqu’à ce que la plante atteigne une dizaine de centimètres de hauteur. On les laissez alors sécher et le tout était enfermé dans un linge. On comparait le grain d’orge enseveli, germant et renaissant à la lumière à Osiris, dieu de la prospérité, de la végétation et du Nil.

Osiris, le dieu qui avait appris aux hommes la culture du blé et la fabrication de la farine et du pain devenaient ainsi le garant de la sérénité du trépassé. Comme le dieu, le défunt souhaitait renaître. Pour s’assurer de sa bienveillance les Egyptiens faisaient reproduire sur les murs de leurs tombes, le pèlerinage à Abydos, la ville sacrée de la divinité. Le mort était représenté, accompagné de son épouse, sur une barque propulsé par des rameurs jusqu’à la ville. Au retour, il prenait place sur un bateau à voile qui le ramenait à bon port. Si le dieu lui était favorable, les portes du paradis s’ouvraient devant lui et il était assuré d’y trouver de la nourriture en abondance.

Les champs d’offrandes

Stèle à deux registres, en haut : scène d’offrande, en bas : festin funéraire

Pour subvenir à ses besoins dans l’au-delà, le mort cultivait symboliquement un champ qui lui avait été donné au paradis par le dieu Osiris. C ?était bien sur un champ miraculeux où le blé et l’orge poussait en abondance et que des serviteurs zélés s’empressaient de couper. On a retrouvé ainsi, des peintures plus vraies que nature qui montraient une vie agricole idyllique où nulle famine ni sécheresse ne venait angoisser le défunt comme sur terre. Les boeufs sont toujours gras, les épis magnifiques et les paysans heureux de travailler pour leur maître.

La stèle de la princesse Néfertiabet

Stèle funéraire du grand intendant Lat, Deuxième periode intermédiaire
musée du Louvre,

Les représentations de banquet funéraire sont nombreuses. On les retrouve dessinées ou gravées comme la stèle de la princesse Néfertiabet, soeur ou fille de Khéops. Sur celle-ci on peut voir la princesse assise sur un tabouret à pieds de taureau. Cette magnifique jeune femme est vêtue d’une tunique en peau de léopard. Elle semble montrer de la main un guéridon sur lequel sont disposées des tranches de pain. Tout autour, des images représentent les offrandes nécessaires à sa survie dans l’au-delà que l’inscription - comme le veut la coutume - lui souhaite par milliers. On peut ainsi y distingué des canards à la tête tranchée, des cottes et des pattes avant de boeuf, des fruits tel des figues, des caroubes ou des jujubes, sans oublié de la bière et du vin.

Cette stèle est aujourd’hui conservée au musée du Louvre