Néfertoum
Le lotus de Rê
Article mis en ligne le 21 août 2024
dernière modification le 6 août 2024

Les Egyptiens attribuaient des vertus créatrices à ce dieu originaire de la région de Memphis. Ce n’était pourtant pas qu’un dieu bénéfique, il pouvait se montrer implacable à l’encontre des ennemis du pays.

Statuette en faïence bleue et jaune de Néfertoum,
Basse Epoque, Musée du Louvre

Divinité fort ancienne, Néfertoum de Memphis était lié à son voisin d’Héliopolis, le dieu solaire Atoum. Son nom Néfer-Temou, signifiait d’ailleurs : « Atoum est parfait ». On le figurait généralement sous la forme d’un homme portant un objet incurvé dans la main. Il est coiffé d’une perruque surmontée d’un bouton de lotus dans lequel sont fichées deux hautes plumes. Il est « le lotus que respire  » dans les textes des Pyramides. Cette plante était particulièrement importante pour le dieu solaire, puisque selon certains mythes égyptiens de la création, le lotus, que personnifie Néfertoum, est considéré comme la première entité vivante à avoir émergé de l’océan primordial. C’est lui qui en ouvrant ses pétales aurait donné naissance au premier lever de soleil.

Le dieu solaire de Memphis

Le rôle important de Néfertoum dans certaines cosmogonies a bien évidemment été récupéré par les croyances funéraires. Aucun cloisonnement n’existait dans l’ancienne Egypte entre le monde des défunts et celui des vivants. En conséquence, comme presque tous les dieux, Néfertoum pouvait avoir une influence sur le devenir posthume des morts. Son épithète « le lotus que respire  » rappelle d’ailleurs les nombreuses scènes, ornant les tombeaux de toutes les époques (particulièrement du Nouvel Empire) qui dépeignent le défunt assis devant sa table d’offrande, humant une fleur de lotus qu’il tient dans la main. De par son lien avec le monde solaire et le milieu aquatique, le lotus était en effet le garant de la renaissance et de la vitalité. Mieux, en respirant les effluves du nénuphar, le défunt s’identifiait directement à , ce qui était la façon la plus sûre de survivre par-delà la mort. L’astre du jour ne renaissait-il pas chaque matin après son périple dans le monde souterrain ?

Néfertoum et Sekhmet la dangereuse

Le lotus régénérateur n’était pas le seul aspect du dieu Néfertoum. Dès les Textes des Sarcophages, cette divinité d’apparence douce devint le fils de Sekhmet, la lionne destructrice. Au Nouvel Empire, il fera même partie d’un triade divine composé de Ptah de Memphis et de Sekhmet. Lui-même tenant le rôle du dieu enfant tel Horus dans la triade qu’il formait avec Isis et Osiris, ses parents.

Offrande de lotus à Amon
Musée du Caire

A cause de cette association avec Sekhmet, Néfertoum était associé à la guerre dans certaines circonstances. Il se manifestait alors sous la forme d’un lion ou d’un homme à tête de lion agissant comme un redoutable protecteur de la vallée du Nil. Une de ses épithètes les plus fameuses était d’ailleurs « protecteur des Deux Terres ». Dans le Livre des Morts, il avait du reste une prérogative identique, puisqu’il faisait partit du tribunal qui jugeait les morts, sous la forme composite de Sokar-Hénnou-Néfertoum. Il amenait les damnés sur le lieu de leur exécution.

L’apaisement du parfum

Stèle funéraire de Senousert et sa fille Sahathor,
Musée du Louvre

Néanmoins, Néfertoum était avant tout une divinité bienveillante, et son rôle, tant dans la mythologie que dans les rites, consistait souvent à apaiser sa terrible mère Sekhmet, patronne des épidémies, pour la transformer en Bastet, la douce chatte. On invoquait la mère et le fils ensemble pour conjurer les maladies. Cet aspect apaisant du dieu ne devait pas être étranger à son lien avec le lotus parfumé et donc avec son rôle de dieu des parfums. C’est peut-être lui qui est représenté sous la forme d’un lion couché sur le couvercle d’une jarre à cosmétiques que l’on a retrouvé dans la tombe de Toutânkhamon.