Nous savons aujourd’hui comment les Egyptiens s’approvisionnaient en métaux, grâce aux récits que nous a laissés l’historien grec Diodore de Sicile, sur l’exploitation des mines sous les Ptolémées. Il nous a renseignés surtout sur les conditions inhumaines d’exploitation de ces mines.

Les mineurs étaient presque toujours des condamnés de droit commun ou des prisonniers de guerre. Seuls ou accompagnés de leur famille, ils étaient placés nus et enchaînés, sous la garde et le bâton de geôliers et de soldats, complètement coupés du reste du pays.
Sous la chaleur insoutenable du désert, déshydratés, affamés et affaiblis par les blessures et les maladies, ils travaillaient jour et nuit, sans espoir d’élargissement, jusqu’à l’épuisement complet et la mort.

Dans les mines d’or, par exemple, les ouvriers se glissaient dans d’étroits boyaux éclairés par des lampes à huiles. Ils faisaient éclater les masses de roc grâce à la chaleur des feux qu’ils allumaient dessous. Ils extrayaient ensuite les blocs de pierre à l’aide d’un pic. Les enfants recueillaient les morceaux de quartz et les ramenaient à la surface où les hommes les moins robustes les broyaient en morceaux plus petits qu’une lentille. Les femmes et les vieillards se chargeaient de moudre finement le minerai à l’aide de meules manuelles faites de granit. La poussière recueillie était ensuite étalée sur des dalles inclinées. On y faisait couler de l’eau pour récupérer les paillettes d’or, plus lourdes que les autres éléments.
Dans le Sinaï, en Nubie et dans le désert arabique d’autres mines étaient consacrées à l’extraction du plomb, du cuivre, de la turquoise, de la galène argentifère, des aigues-marines, de la malachite et même des émeraudes.

Le cuivre, minerai peu prestigieux, était pourtant d’une importance vitale pour l’économie du pays. Il provenait principalement des mines du Sinaï, presque toute épuisés depuis l’Antiquité. Creusé horizontalement dans la montagne, elles formaient de vastes salles dont le plafond était soutenu par de piliers préservés dans le roc. La malachite était elle aussi extraite dans cette région. Ses mines étaient dédiées à Hathor, « protectrice et maîtresse du Pays de la Malachite ».

Les métaux et minerais précieux étaient censés avoir pour origine le rayonnement cosmique et composaient le corps des dieux. Tous ces matériaux avaient donc un rôle et un emploi fortement ritualisés. Leur exploitation permettait aux Egyptiens de renouer avec les forces divines, et leur utilisation dans l’art de la statuaire avait pour objet d’incite les dieux à venir « habité » les temples bâtis à leur image.

Sous le Nouvel Empire de véritables expéditions militaires furent organisées vers les lieux d’extraction. Il fallait avant tout se défendre contre les nombreuses attaques des Bédouins du désert. Séthi Ier et son fils Ramsès II firent creuser des puits tout au long de la route qui menaient, après dix-sept jours de marche, aux mines de l’Ekayate, en Nubie. La plus vieille carte du monde, aujourd’hui conservée à Turin, date de cette époque. Ce papyrus indiquait les voies d’accès et l’emplacement des mines disséminées dans le désert arabique, à l’est de Coptos, la capitale du cinquième nome d’Egypte, situé à l’endroit ou au nord de Thèbes, le Nil se rapproche le plus de la mer Rouge.

Les mines éloignées de toutes sources étaient équipées de citernes destinées à recueillir les eaux de pluie et de ruissellement. Des cabanes pour les ouvriers et un petit fortin pour la garnison complétait le site.
