Ce dieu momiforme à tête de faucon fut particulièrement vénéré sous le nouvel empire. Il était le garant de la renaissance du défunt et de sa survie posthume au même titre qu’Osiris. Il n’était pourtant pas uniquement un dieu des morts. Il est notamment attesté dès l’Ancien Empire en tant que divinité funéraire mais aussi comme patron de certains artisans, bien que l’on de puisse préciser avec certitude laquelle de ces deux fonctions prévalait à l’origine.
Dieu des morts ou des métallos ?

Trop peu de renseignements sur lui nous sont parvenus pour que l’on puisse trancher cette question de façon définitive. On trouve néanmoins mention de son nom dans les Textes des pyramides, et on lui connaît un clergé avec une hiérarchie stricte, preuve irréfutable qu’il faisait déjà l’objet d’un culte régulier à cette époque. Il était alors révéré sous la forme d’un faucon ou d’un homme à tête de faucon, aspect qu’il conservera tout au long de son histoire.
Sous l’Ancien Empire, Sokar était en fait essentiellement le dieu des nécropoles de Memphis, la capitale de l’empire. On connaît ainsi l’existence d’un sanctuaire qui lui était dédié sur le site de Gizeh, le Rosétaou. A Saqqarah, dans plusieurs scènes décorant les mastabas de l’Ancien Empire, il est en outre désigné comme le patron des artisans et plus particulièrement des métallurgistes. Cette prérogative était vraisemblablement une caractéristique importante du dieu, puisque les textes d’une tombe du Moyen Empire désignent les bijoux d’une défunte comme étant « les ornements rituels de la nécropole que Sokar a fait de ses doigts ». Il conservera cet aspect d’artisan jusqu’à l’époque gréco-romaine.
L’artisanat semble d’ailleurs tellement inhérent à sa personnalité qu’on peut se demander si sa fonction de patron des artisans dérive de ses prérogatives funéraires - les artisans travaillaient surtout pour fabriquer le mobilier des tombes - ou si au contraire son importance pour les morts doit son origine au fait qu’il était justement le patron des artisans de la nécropole.
Unions et fusions

Que Sokar soit ou non dès l’origine un dieu des morts, c’est cet aspect de sa personnalité qui sera le plus mis en avant après l’Ancien Empire. Dès la Ve dynastie, il est associé à Osiris, nouvellement introduit dans les nécropoles memphites et qui connaîtra une grande postérité. Au Moyen Empire, Sokar devient ainsi un dieu des morts de plus en plus important. Sous l’influence de son homologue, son culte se répand en dehors de la région memphite, gagnant progressivement tout le pays et plus particulièrement Thèbes. Les défunts sont désormais des « honorés de Sokar, seigneur de l’enterrement plus que les ancêtres ».
Les liens de Sokar avec Osiris se précisent sous le Moyen Empire, quand apparaît pour la première fois une divinité composite Osiris-Sokar, très appréciée sous le Nouvel Empire et à l’époque tardive, notamment comme dieu et juge des morts figuré sous la forme hybride d’une momie (Osiris) à tête de faucon (Sokar). Sokar ayant aussi été, en raison de ses origines memphites, associé à Ptah, dieu par excellence de Memphis et de surcroît, comme lui, patron des artisans, une seconde divinité composite, Ptah-Sokar-Osiris, verra également le jour. Sa représentation est assez variable, privilégiant tour à tour chaque aspect des dieux qui la composent. L’histoire des associations de Sokar ne s’arrête pas la. Malgré sa tonalité typiquement funéraire, il aura encore au Nouvel Empire des connections, essentiellement nocturne, avec le soleil.
les fêtes de Sokar

Le nom du dieu était en fait essentiellement associé dans les textes à la célébration de fêtes funéraires. Son culte, centré sur la région memphite sous l’Ancien Empire, se propage sous le Moyen Empire, pour s’implanter finalement à Thèbes au Nouvel Empire. C’est là que l’on trouve les plus nombreux témoignages de célébrations accomplies en son nom. Sa fête annuelle, nommée simplement « fête de Sokar », avait lieu au environ du vingt-cinquième jour du quatrième mois de la saison akhet (l’inondation) et fut intégrée aux fêtes d’Osiris. C’était évidemment un moment privilégié de commémoration des morts. Sokar fut d’ailleurs très tôt associé au culte d’Osiris dans le grand sanctuaire d’Abydos.
Sokaris

La forme hiéroglyphique du nom du dieu se compose des consonnes s,k,r, que l’on prononce aujourd’hui Sokar. D’après Champollion, il se prononçait peut-être Sokaris, en raison de la mention d’une divinité portant ce nom dans une pièce du dramaturge athénien Cratinus (520-423 avant J.C.).