L’Ogdoade d’Hermopolis est l’ensemble formé par les huit génies d’Hermopolis qui ont jailli des flots glacés.

Ils sont regroupés en quatre couples formés chacun d’un dieu et de son pendant féminin, et sont la personnification des éléments du chaos qui ont précédé la création. Heh et Hehet, l’infinité spatiale, Kek et Keket, les ténèbres profondes, Noun et Naunet, le couple de l’eau initiale et Amon et Amonet, ce qui est caché. Les quatre entités masculines ont des têtes de grenouilles et les féminines des têtes de serpents. Tous sont chaussés de têtes de chiens.
Un texte d’Edfou relate leur apparition : « Au sein de l’océan primordial apparut la terre émergée. Sur celle-ci, les Huit vinrent à l’existence. Ils firent apparaître un lotus d’où sortit Rê, assimilé à Shou. Puis il vint un bouton de lotus d’où émergea une naine, auxiliaire féminin nécessaire, que Rê vit et désira. De leur union naquit Thot qui créa le monde par le Verbe. »
Depuis leur œuvre de création, ces huit dieux initiaux reposent dans le monde souterrain sur la butte de Médinet-Habou (Djêmé), se chargeant du lever quotidien du soleil ou du cours du Nil. La ville d’Hermopolis portait le nom égyptien de Khéménou (la ville des huit).
Ils représentent ansi le chaos primordial d’où naquit le soleil.
Dans le gnosticisme
Le concept d’ogdoade apparaît aussi dans le système métaphysique du gnosticisme de Valentin. Il représente plus ou moins la somme des huit sphères célestes concentriques qui sont au-dessus du monde terrestre et en dessous du Plérôme : dans le désordre, celles de la Lune, du Soleil, de Mercure, de Vénus, de Mars, de Jupiter, de Saturne, et des étoiles fixes. À chacune de ces sphères est associé un ange, qui est tout aussi bien part de l’ogdoade. Valentin associe également à chaque ogdoade un concept divin, ou éon, qui sont respectivement : le Pro-Père (Propator) ou la Profondeur (Bythos), la Pensée (Ennoia) ou le Silence (Sige), l’Intellect (Nous), la Vérité (Aletheia), le Verbe (Logos), la Vie (Zoe), l’Homme (Anthropos), et l’Église (Ekklesia). Ces éons vont par paires (ou syzygies) dans l’ordre où elles sont listées, et chaque paire engendre la suivante.
Bibliographie
Nadine Guilhou et Janice Peyré, La mythologie égyptienne, Marabout, 2006, 352 p., p. 36-37.