XIIe dynastie
Article mis en ligne le 2 octobre 2005
dernière modification le 15 juin 2005

Les pharaons de la XIIe dynastie règnent de 1990 à 1800 avant notre ère. Ce sont :

 Amenemhat Ier
 Sésostris Ier
 Amenemhat II
 Sésostris II
 Sésostris III
 Amenemhat III
 Amenemhat IV
 Néférousobek

Fondée à partir de 1991 av. J. C, par l’ancien vizir de Mentouhotep IV, Amenemhat Ier (Amenhemet ou Amménémès ), originaire d’Eléphantine (ou de Thèbes ?), cette dynastie inaugure le Moyen empire proprement dit. La capitale est dès son commencement transférée à Itiaoui, (probablement aujoud’hui el-Lisht, entre le Fayoum et le Nil).

Ses huit souverains se font suite sans interruption. Sans doute, sa durée varie selon les diverses sources ; mais il est à remarquer que le total des années de règne donné par les monuments (181 ans) est à peu près la moyenne entre le chiffre de Manéthon (160) et celui du Canon de Turin (213). Une des particularités de cette dynastie est la précaution, renouvelée presque à chaque règne, que prennent les pharaons, après un exercice plus ou moins long du pouvoir, d’associer leurs successeurs au trône avec la jouissance de toutes les prérogatives royales. C’est ainsi qu’Amenemhat Ier partagea, après quarante-deux ans de règne, le pouvoir avec son fils Sésostris Ier , lequel, après trente-deux ans de règne, rendit la pareille à son fils, Amenemhat II. Ce dernier ne fit pas autrement à l’égard de Sésostris II (1897) et, après interruption, Amenemhat III reprit la coutume en faveur d’Amenemhat IV.

Ce système de gouvernement n’avait pas seulement l’avantage de mettre le trône à l’abri des compétitions ; il avait celui d’intéresser plus vivement chaque prince à l’oeuvre de son prédécesseur. Le bénéfice qu’en retira l’Égypte fut immense : à aucune autre époque, elle n’eut un gouvernement plus efficace, ni une plus réelle prospérité. Les pharaons de la XIIe dynastie furent des conquérants à la manière de Pepi Ier. Ils se préoccupèrent avant tout d’assurer à l’Égypte la protection de ses frontières de l’Est et de l’Ouest, sans cesse menacées par les Bédouins du Sinaï et de Libye. Ils reprirent l’exploitation de l’ancien district de Magharah, ouvrirent même de nouvelles mines sur le haut plateau de Sarbût et Khadem. Ils attachèrent surtout un grand prix à la possession complète du cours du Nil proprement dit et s’en rendirent maîtres après d’heureuses campagnes dirigées contre les tribus éthiopiennes et les tribus nubiennes. Sous le règne d’Amenemhat Ier , plusieurs campagnes furent conduites dans le Sud pour s’assurer la possession du pays jusqu’à la deuxième cataracte, qui fut effective sous Sésostris Ier. Leurs successeurs jugèrent prudent, néanmoins, de ne pas étendre trop au Sud leurs occupations et firent de Semneh, à une journée en avant de la deuxième cataracte, leur poste-frontière. On y voit encore les restes imposants de la forteresse élevée, pense-t-on, par le belliqueux Sésostris III, sous le règne duquel le Moyen Empire atteignit son apogée.

Pectoral de Sesostris III.

Les successeurs de Sésostris III hériteront donc d’un empire prospère, et qui va le demeurer encore quelque temps. Cependant des difficultés commencent à se faire jour dès le règne d’Amenemhat III. Il fallut notamment développer l’agriculture au Fayoum, pour espérer nourrir une population, que des crues insuffisantes du Nil, pendant plusieurs années avaient menacé de famine. La XIIe dynastie s’éteint avec les règnes d’Amenemhat IV, puis de sa soeur, la reine Sobekneferu. Elle aura correspondu à l’une des plus remarquables périodes de l’histoire égyptienne.

C’est surtout comme ingénieurs-agriculteurs que tous ces monarques de la XIIe dynastie auront laissé leur empreinte. Ils donnèrent en effet tous leurs soins à l’agriculture en multipliant les bassins et les canaux, en redressant les berges du fleuve, en appliquant, en un mot, les procédés les plus rationnels à l’irrigation, dont ils eurent une très haute conception. La construction supposée du grand réservoir ou lac Moeris, par Amenemhat III, aurait été (si le récit d’Hérodote ne reposait pas sur un malentendu) une oeuvre d’une ampleur inégalée, mais la légende qui s’y rattache semble au moins témoigner de la place qu’avaient alors les travaux consacrés à l’amélioration de l’agriculture. Le temple que ce même roi construisit à l’entrée de Fayoum et connu sous le nom de Labyrinthe faisait, dans l’Antiquité, l’étonnement des voyageurs. Hérodote le déclarait supérieur aux pyramides, dont une seule pourtant, disait-il, dépasse de beaucoup les plus grandes constructions grecques.

« A côté de ces entreprises gigantesques, a écrit Maspéro, les travaux exécutés par Amenemhat III lui-même n’offrent que peu d’intérêt. A Thèbes, Amenemhat et Sésostris Ier embellirent de leurs offrandes le grand temple d’Amon. Dans la ville sainte d’Abydos, Sésostris Ier restaura le temple d’Osiris. A Memphis, Amenemhat III édifia les propylées au Nord du temple de Ptah. A Tanis, Amenemhat Ier fonda, en l’honneur des divinités de Memphis, un temple que ses successeurs agrandirent à l’envi. Fakous, Héliopolis, Hakhninsou, Zorit, Edfou et d’autres localités moins importantes ne furent pas négligées.- »

Aucun monument ne nous laisse une plus juste vue d’ensemble de l’état de l’Égypte à cette époque que les tombes de Beni Hassan. Elles nous font connaître les noms, l’histoire et la situation politique d’une famille de princes héréditaires, les princes de Mihi (Moudirieh actuelle de Minieh), qui, si les circonstances s’y étaient prêtées, auraient pu devenir rois d’Égypte de la même manière que les princes de Héracléopolis ou de Thèbes. Ces nomarques durent se résigner à ne devenir que grands dignitaires de la cour et administrer leurs États comme préfets (pendant quelqu temps) héréditaires du pharaon. Ces mêmes tombeaux sont une mine très riche de renseignements sur la vie agricole et les industries de l’Égypte à cette époque. L’un d’entre eux (tombeau de Knoumhotep) nous montre également une famille d’émigrants asiatiques amenée devant le gouverneur de la province de Mihi.

Ainsi, plus d’un siècle avant l’invasion des Hyksos, des familles venues de Palestine pouvaient non seulement, comme le raconte la légende d’Abraham, pénétrer librement en Égypte, dont la frontière n’était fermée qu’aux bandes agressives, mais remonter la vallée jusqu’à la province de Mihi. Le Papyrus de Berlin n° 1 nous apprend que les Égyptiens pouvaient trouver le même accueil auprès des tribus du désert. Le héros d’un conte populaire (Sinhoué), dont la scène se passe au temps des deux premiers rois de la XIIe dynastie, obligé de prendre la fuite dans les vallées du Sinaï, rencontre un Bédouin qui l’amène, d’étape en étape, jusqu’au pays des Edomites. Le grand cheikh de la tribu le nomme commandant de ses troupes, etc. Ce joli conte n’est pas d’ailleurs le seul spécimen de la littérature égyptienne à l’époque la plus florissante du Moyen Empire. Les papyrus du British Museum nous ont conservé un Hymne au Nil souvent cité, le petit traité de morale rédigé par Amenemhat Ier à l’usage de son fils Sésostris, ainsi qu’une sorte de satire rythmée de tous les métiers manuels, censèment écrite par un vieux scribe à son fils étudiant au séminaire de Cilcilis.