Christian Jacq a commencé à écrire de la fiction dès l’âge de treize ans, avant de rencontrer l’Égypte. Il a rédigé plusieurs romans, des galops d’essai en quelque sorte… Sa carrière de chercheur et d’égyptologue est demeurée parallèle à celle de romancier, jusqu’au jour où les univers du romancier et celui de l’égyptologue se sont unis ! À partir de cet instant, c’est le grand public qui s’est intéressé à son travail… Mais il continue son chemin dans les deux domaines, et le dialogue entre le romancier et l’égyptologue se poursuit à travers les essais et les romans.
Etant passionné de musique, il considère les romans comme des opéras et les essais comme des sonates, pour prendre cette comparaison sommaire. Le point commun, c’est l’écriture ; et elle doit s’adapter au sujet que l’on traite. Pour évoquer une immense figure comme Ramsès, le roman s’imposait, dans la lignée des conteurs orientaux.
Sa passion pour l’Egypte lui vient… d’un livre ! Grâce à mon argent de poche, il a pu acheter un magnifique ouvrage de Pirenne (Jacques Pirenne, L’Histoire de la civilisation de l’Egypte Ancienne, Editions Albin Michel) consacré à la civilisation de l’Égypte ancienne, sur un conseil de son libraire. En le lisant, il a découvert un univers si familier, si proche, si riche et si intense… Son univers !
Tout en poursuivant son travail de jeune romancier dont les premiers sujets n’avaient rien d’égyptien mais s’inspiraient plutôt des romantiques allemands et de Gérard de Nerval (Le Voyage en Orient) il a suivi des études de lettres classiques (grec, latin, philosophie), d’histoire de l’art et enfin - avec quelle joie ! -d’égyptologie à la Sorbonne, où il a eu la chance d’être formé par deux grands savants, les professeurs Paul Barguet et Jean Leclant - secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Cette passion pour l’Égypte s’est donc affirmée très jeune et elle ne s’est pas démentie depuis ! Chaque voyage est un nouvel émerveillement, une nouvelle découverte. Comment en serait-il autrement puisque l’Égypte offre trois millénaires de splendeurs ?
Pour lui, il existe plusieurs périodes dans l’élaboration et la naissance d’un ouvrage. Il a toujours plusieurs projets en tête, et il les laisse venir à maturation, tout en poursuivant des recherches, tant sur le terrain que dans les musées ou à travers les publications scientifiques. Et puis l’un de ces projets s’impose, avec une telle force qu’il éclipse les autres. L’événement se produit presque toujours en Égypte, sur un site, par exemple au Ramesseum, le temple des millions d’années de Ramsès II lorsque le désir de rédiger son épopée s’est affirmé.
Vient alors le temps de bâtir, de donner une architecture au livre, de rencontrer les personnages et d’en parler avec son épouse, d’entreprendre des recherches approfondies sur tel ou tel point de détail. Cette phase de " naissance " s’accompagne des premiers essais d’écriture, suivis d’un long et lent travail de mise en forme dans cette solitude habitée que connaissent bien des écrivains - solitude rigoureuse et nécessaire pour que la main du scribe puisse faire vivre de multiples destins…
Il remplit des dossiers et suit des pistes sans savoir si elles le mèneront à une concrétisation. Mais lorsque la décision est prise, les éléments dispersés s’organisent et, surtout, la passion d’écrire, de donner une forme, de transmettre, devient impérative.
Et rien n’est plus difficile - selon lui - que de mettre un terme à une histoire que l’on a vécue avec intensité tout en sachant que, désormais, le texte vivra dans les yeux des lecteurs, de même qu’une musique vit dans les oreilles des auditeurs.