Le zodiaque égyptien
Article mis en ligne le 8 décembre 2005
dernière modification le 20 septembre 2005

Naissance du zodiaque illustré

Pendant plusieurs siècles après la christianisation de l’Egypte, les papyrus illustrés propagèrent des images égyptiennes en Occident, la plupart du temps grâce aux voyageurs, retour de pèlerinages aux monastères fondés par saint Pacôme. Parmi toutes ces illustrations, nombreuses étaient aussi celles ornées de la copie des signes du zodiaque.

A l’origine et surtout dès le Nouvel Empire, il était question de faire figurer, aux plafonds des temples ou des caveaux funéraires, le calendrier solaire. Ensuite, à la Basse Epoque, les prêtres en firent la principale ornementation des couvercles de sarcophages momiforme.

Signes du zodiaque apparaissant en léger désordre au plafond de caveaux funéraires de l’époque ptolémaïque

Aussi, pour tenter de traduire les cercles et les chiffres des calendriers par des images parlantes, ils décidèrent, à l’époque gréco-romaine, d’aider les défunts sur les chemins de l’au-delà en faisant appel au vieux fonds symbolique des temps sacrés lointains, plutôt que d’évoquer, par leurs noms respectifs, les douze mois de l’année solaire.
Pour cette raison, à l’intérieur du couvercle des sarcophages momiforme, Nout la voûte céleste figurée par l’image d’une femme, jambes et bras étendus, devait dominer lamomie déposée dans la cuve. De chaque côté du corps (évoquant l’écliptique), et à partir du niveau de la poitrine, les douze signes, symboles des douze mois de l’année, étaient répartis en deux séries de six signes, de chaque côté, ayant respectivement leur signification dans l’ordre astronomique, rappelant de la façon la plus évidente la caractéristique de chaque mois.
Reprenant la distribution des mois suivant l’antique et logique calendrier de leurs pères, les Egyptiens adoptèrent la disposition qui plaçait le Jour de l’An au moment de la nouvelle apparition de l’étoile Sothis à l’horizon oriental. Cet instant coïncidait, on le sait, avec le lever imminent du soleil et le retour presque immédiat de l’inondation (vers notre 18 juillet).
Au-dessus de la tête de Nout, des symboles solaires soulignaient encore la zone de la chaleur. Egalement, à la hauteur de la poitrine de Nout, figuraient les signes illustrant les mois les plus chauds de l’année. En revanche, à la partie inférieure du corps de la déesse du ciel, de caque côté et deux par deux, les signes encadrant les pieds indiquaient les mois les plus froids de l’année.

Nout, la voûte céleste, sarcophage de Pa-di-haké, Epoque ptolémaïque Nout entouré du zodiaque, sarcophage de Soter, Epoque gréco-romaine

Les signes et leurs symboles

Prenons un des exemples les mieux préservés, peint à l’intérieur du sarcophage de Soter, conservé au British Muséum de Londres. En bas, à gauche des pieds, figurent les symboles des deux derniers mois de la saison hiver-printemps : la saison peret : on y reconnaît les signes du Verseau et des Poissons. Ensuite sont représentés les quatre signes correspondant à la saison d’été : chemou, ce qui complète la moitié de l’année et comprend donc les signes du Bélier, du Taureau, des Gémeaux et du Cancer.
Alors est-on arrivé à l’époque la plus chaude de l’année (fin juillet), époque où le démiurge a créé un espace vide, réservé aux cinq jours épagomènes, les « supplémentaires » (héryou) qui permirent la naissance de la famille osirienne.
Puis la ronde des mois continue, illustré par le Lion, la Vierge, la Balance et le Scorpion. Ces quatre mois constituent la saison akhet, celle de l’Inondation.
Enfin, nous trouvons les deux premiers mois de l’hiver-printemps, la saison peret, les mois les plus froids de l’année, symbolisés par le Sagittaire et le Capricorne.

Il demeure, maintenant, à saisir la relation existant entre chacun des mois et l’illustration qui en est donnée en accord avec la symbolique égyptienne. En résumé, la succession des signes rappelle les avatars du dieu agraire Osiris, éternellement vainqueur de la mort.

Le Verseau

La crue se prépare ; les deux sources mythiques du Nil (à l’origine peut-être celle du Nil blanc et ceux de l’Atbara éthiopien) vont se manifester.

Les Poissons

Allusion à la survie souhaitée. Le défunt doit repêcher, dans les eaux primordiales, les deux poissons évoquant « l’âme d’hier et celle de demain ».

Le Bélier

Ou plutôt le « bouc de Mendès ». C’est dans cette localité orientale du Delta mythique, que la momie osirienne commence à se transformer en futur soleil.

Le Taureau

Il faut comprendre : le petit taureau, fils de la vache Hathor. La bonne déesse universelle porte bien en son sein le fœtus du soleil.

Les Gémeaux

Ces « deux enfants du démiurge », Shou et Téfnout, sont présentés au nez de celui qui espère recevoir le souffle de vie. Les branchies du fœtus-poisson se transforment alors en poumons solaires à l’instant de la naissance.

Le Cancer

En fait, un scarabée. Au soleil levant, ce bousier pousse sa boule d’excréments qui contient ses œufs. Leur éclosion symbolise la naissance de l’astre qui illumine le monde.
Nous nous trouvons ici au milieu de l’année, à la période la lus chaude. Entre le Cancer (scarabée) d’un côté, l’étoile Sothis a réapparu, le soleil s’est levé, l’Inondation est annoncée.
Le soleil remis au monde par la sainte étoile, c’est la splendeur d’Osiris revenant à la vie.

Le Lion

C’est la pleine canicule, du nom de la petite chienne, canicula, donné à l’étoile de Sothis, laquelle, depuis la préhistoire, est figurée par une petite chienne. Sothis est l’étoile la plus brillant de la constellation du Chien. Parmi tous les symboles attribués au Lion, on trouve plusieurs mythes, dont celui de la « Déesse Lointaine » qui revient du sud sous une forme léonine au moment de l’inondation.

La Vierge (la Déesse Isis

La déesse Isis tient un épi de blé, évoquant la mise à mort du dieu agraire Osiris, le blé, victime du « Malin », Seth. Isis veillera sur le corps momifié de son époux.

La Balance

Toujours dans le rituel osirien, le dieu mis à mort deviendra le juge des défunts et présidera à leur jugement.

Le Scorpion

Isis emprunte parfois l’aspect du scorpion protecteur. Une très ancienne légende fait allusion à la sauvegarde du futur héritier, Horus, selon laquelle Isis, pendant sa grossesse, a placé sept scorpions en protection autour de lui.

Le Sagittaire

A l’origine de ce signe est le roi, détruisant le démon symbolisé par un animal nuisible. Tardivement, le signe montre le roi conduisant son char, ou monté sur son cheval, prototype de Saint Georges.

Le Capricorne

Petit capridé en transformation, déjà plein de vitalité pendant la gestation dans le sein de sa mère. C’est l’image de la graine déposée dans j’humus et qui commence à germer.