Dès la période thinite, l’existence d’un culte funéraire destiné à permettre au corps du souverain de poursuivre sa vie dans l’au-delà est attestée par la mention de fondations et de prêtres spécifiques, par la construction d’aménagements associés aux tombes royales en Abydos et à Sakkara. Le culte funéraire royal se développe sur une grande échelle sous la IIIe dynastie avec le complexe funéraire de Djoser à Sakkara, puis, sous la IVe dynastie, avec ceux de Meidoum, Dahchour, Giza et Abou Roash qui comprennent un temple d’accueil dans la vallée, une chaussée et un temple funéraire accolé à la pyramide. Parallèlement, se met en place une organisation économique d’envergure pour alimenter ces temples en personnel et en offrandes. Des domaines funéraires royaux sont exploités dans l’ensemble du pays et un système de redistribution des denrées permet d’entretenir non seulement le culte du dernier souverain défunt, mais celui de ses prédécesseurs. Le système se poursuivra sous des formes différentes jusqu’à la période lagide qui combine ces cultes et les pratiques grecques.
Très tôt, le principe d’un culte funéraire pour les rois s’étend aux particuliers par le biais des virements d’offrandes. Des chapelles sont bâties dans les tombeaux pour ces cultes. Peu à peu, les reines, puis les courtisans et une proportion croissante de la population égyptienne accèdent aux textes funéraires - Textes des Pyramides, des sarcophages, Livre des Morts , etc. - dont la principale fonction est de faciliter la renaissance du défunt, sa « sortie au jour ».
La mort en Égypte est annoncée par de grandes lamentations de la part des femmes qui se couvrent de poussière ; toutes affaires cessantes, elles rejoignent la famille du défunt ; les hommes se réunissent en attendant le départ du cortège funéraire. La croyance des Égyptiens en la nécessaire préservation du corps pour assurer la survie dans l’au-delà les a amenés, dès les temps les plus reculés, à rechercher les moyens de conservation les plus appropriés. Les embaumeurs sont à pied d’oeuvre très rapidement ; en effet, la chaleur ambiante ne fait pas bon ménage avec un corps inerte ; « laisser le corps se dégrader, c’est interdire à tout jamais la réunion dans l’au-delà des forces vitales et de leur support physique, c’est condamner les principes incorruptibles de la personnalité à la quête éternellement vaine d’un corps qui n’est plus » (S. Sauneron). Représenté sous forme d’oiseau à tête humaine, le bâ , improprement appelé âme, est l’élément mobile qui va garder le contact avec le monde des vivants. Le kâ est certainement la partie la plus importante de l’être, c’est en lui que réside l’énergie vitale ; il se sépare du corps au moment de la mort et c’est pour lui assurer sa subsistance que des offrandes alimentaires seront déposées dans la tombe. Il reste un autre élément qui rejoint la sphère céleste au moment du décès et qui peut hanter le monde des vivants, c’est l’esprit- akh .
L’embaumement est d’abord réservé au roi puis aux personnages les plus importants du royaume. Ensuite, celui qui en a financièrement les moyens essaie de rejoindre le lot des privilégiés. Un autre facteur déterminant dans l’extension de ces pratiques funéraires est, à partir de la fin de la Première Période Intermédiaire, l’influence grandissante du culte d’Osiris.