Musée du Louvre
Article mis en ligne le 12 mars 2012

Le musée du Louvre est le plus grand musée de Paris par sa surface (210 000 m2 dont 60 600 consacrés aux expositions) et l’un des plus importants du monde. Situé au cœur de la ville, entre la rive droite de la Seine et la rue de Rivoli, dans le Ier arrondissement, le bâtiment est un ancien palais royal, le palais du Louvre. La statue équestre de Louis XIV constitue le point de départ de l’axe historique, mais le palais n’est pas aligné sur cet axe. Le Louvre possède une longue histoire de conservation artistique et historique de la France, depuis les rois capétiens jusqu’à nos jours.

Antiquités égyptiennes

Le département des Antiquités égyptiennes fut créé le 15 mai 1826 par ordonnance royale de Charles X. Il fit de Jean-François Champollion, qui venait d’acquérir la collection du consul britannique Salt (4 000 pièces), le conservateur de ce qu’on appelait alors le musée égyptien. Celui-ci fut installé dans l’aile sud de la cour Carrée et aménagé avec l’aide de l’architecte Fontaine. Les peintures des plafonds sont dues à François-Édouard Picot (L’Étude et le Génie des arts dévoilant l’Égypte à la Grèce) et Abel de Pujol (L’Égypte sauvée par Joseph).

La collection a été considérablement agrandie par Mariette, avec plus de 6 000 objets rapportés des fouilles du Serapeum de Memphis. Les autres objets viennent de fouilles opérées par l’Institut français du Caire, d’un fonds provenant du musée Guimet (1948) et de divers achats.

Actuellement, les Antiquités égyptiennes sont réparties sur trois étages : à l’entresol, l’Égypte romaine et l’Égypte copte ; au rez-de-chaussée et au premier étage, l’Égypte pharaonique.

La cour et la pyramide

Création du département d’Antiquités égyptiennes

La création d’un département d’antiquités égyptiennes au Louvre n’est pas la conséquence directe de l’expédition de Bonaparte en Egypte entre 1798 et 1801. Les antiquités recueillies alors par les savants furent saisies par les Anglais comme butin de guerre ; parmi elles, la célèbre Pierre de Rosette aujourd’hui à Londres. Un petit nombre d’œuvres rapportées à titre privé entrèrent au Louvre bien plus tard.
En revanche, la publication du livre de souvenirs de Vivant Denon en 1802, Voyage dans la Haute et la Basse Egypte, et des volumes de la Description de l’Egypte, par les membres scientifiques de l’expédition, entre 1810 et 1830, réactive l’intérêt pour l’Egypte ancienne au cours du premier quart du XIXe siècle, plus profondément que le goût superficiel qui s’était manifesté dans le mobilier à partir de la fin du règne de Louis XVI.
Jean-François Champollion, né avec le siècle, grandit dans cette atmosphère. Authentique linguiste maniant les langues anciennes et sémitiques, il résout l’énigme de l’écriture et de la langue pharaoniques en 1822. Avide de faire connaître la civilisation égyptienne et de combattre les préjugés des savants de son temps, il travaille à l’installation du musée de Turin. Il convainc le roi de France Charles X d’acheter trois des grandes collections en vente à ce moment en Europe (Durand, Salt et Drovetti). Par ordonnance royale du 15 mai 1826, il est nommé conservateur d’un nouveau département au Louvre, qui est inauguré le 15 décembre 1827.

Constitution de la collection

Avant Champollion, le Museum central des Arts présente les statues égyptiennes des anciennes collections royales. Ce fonds s’enrichit sous Louis XVIII avec des sculptures importantes : Nakhthorheb (A 94), les Sekhmet (A 2).
Entre 1824 et 1827, un département est créé avec l’arrivée de collections entières (9 000 œuvres). Entre 1852 et 1868, les ensembles accumulés par des collectionneurs européens ayant fait carrière en Egypte enrichissent les salles : le docteur Clot, le comte Tyszkiewicz, le consul Delaporte. Ces œuvres sont époustouflantes (la coupe en or cadeau du pharaon, la momie de chat) même si on ignore généralement tout de leur provenance.
Mariette, en mission pour le Louvre, découvre le Sérapéum de Saqqara. Entre 1852 et 1853, il envoie à Paris 5 964 œuvres, dont le fameux Scribe accroupi ! Devenu le premier directeur des Antiquités de l’Egypte, il protège les sites des pilleurs. S’ouvre pour les musées occidentaux l’ère des partages de fouilles, conséquences des recherches archéologiques menées par des scientifiques, sur des concessions attribuées par le gouvernement égyptien : fouilles d’Abou Roach, d’Assiout, de Baouît, de Médamoud, de Tôd et de Deir el-Médineh.
Certaines œuvres majeures entrent grâce à la générosité d’amateurs : le collectionneur américain Atherton Curtis lègue 1 500 pièces avant et après la seconde guerre mondiale ; la Société des Amis du Louvre ne cesse de montrer son intérêt comme en 1997, avec la rare statue de la reine Ouret (E 32564).

Parti-pris muséographique

"Je jouis d’avance du plaisir que j’aurai à vous montrer cette suite si intéressante de monuments qui remettent, pour ainsi dire, sous les yeux, le culte, la croyance et la vie publique et privée d’un grand peuple tout entier" : en 1827, Champollion résume ainsi sa vision du musée, pétrie de l’esprit encyclopédique. L’art n’est qu’un des aspects de la collection ; les inscriptions sur pierre ou sur papyrus, les objets du quotidien, les témoignages des croyances sont envisagés sous un angle historique ou ethnologique.

En 1997, dans le cadre du Grand Louvre, il fallut faire des choix. Les salles se répartissent sur deux niveaux et les objets lourds doivent rester au rez-de-chaussée. Une présentation thématique centrée sur les principaux aspects de la civilisation occupe le rez-de-chaussée, dans les salles 1 à 19, avec les salles du temple et des sarcophages. Une approche chronologique est proposée au premier étage (salle 20 à 30), qui met en valeur les séquences historiques et l’évolution de l’art.

La collection et son personnel de recherche

Le musée du Louvre détient l’une des plus grandes collections d’antiquités égyptiennes après le musée du Caire. Il s’agit aussi, parmi les grandes collections (Turin, Berlin, British Museum, Metropolitan Museum, Boston, etc.) d’une des collections les plus équilibrées dans la mesure où le Louvre possède des chefs-d’œuvre de chaque époque.

Ses points forts sont principalement les collections de sarcophages et de papyrus, suivies par les stèles et autres œuvres lapidaires et les bronzes.

Le personnel de conservation du département est composé de :

 six conservateurs pour l’Egypte pharaonique (près de 50 000 œuvres) ;
 une conservatrice pour l’Egypte romaine (près de 4 500 œuvres) ;
 deux conservatrices pour la section copte (près de 13 000 œuvres).

De nombreux membres du personnel scientifique (un ingénieur de recherche, deux ingénieurs d’étude, cinq chargées d’études documentaires, un collaborateur scientifique et deux documentalistes scientifiques) prennent en charge activement des dossiers et des publications scientifiques au sein du département.
La documentation s’inscrit dans un projet scientifique et le personnel qui y est attaché a une solide formation égyptologique.

L’étendue de la collection rend impossible sa couverture totale, à un instant t, par des spécialistes de toutes ses composantes au sein même du Louvre. L’étude et la conservation de la collection sont réparties entre les conservateurs, mais les chercheurs sont globalement polyvalents et généralistes. Chacun ajoute à sa palette des connaissances plus spécifiques mais qui, juxtaposées, ne couvrent jamais l’exhaustivité des sujets d’égyptologie.