
Vers 3000 avant notre ère, au moment où s’organise l’irrigation totale de la vallée et où, sous l’autorité du pharaon, s’unifie politiquement le pays, apparaissent les premiers documents écrits : palettes votives, tablettes d’ivoire et bouchons de jarres portant des noms de produits, des titulatures de souverains ou de défunts.
Comme pour l’ensemble des langues chamito-sémitiques, les voyelles ne sont pas notées ; l’écriture hiéroglyphique n’offre que le squelette consonantique des mots. S’il est possible parfois de restituer la prononciation par comparaison au copte, la sonorité et le rythme de la littérature égyptienne nous échappent presque totalement ; il est ainsi fort difficile de juger des effets littéraires et d’approcher les jeux de la poésie. Il semblerait que, dans l’ensemble, les textes littéraires égyptiens aient une forme métrique ; notre distinction entre prose et poésie peut donc apparaître bien factice.

Les écritures typiquement égyptiennes disparurent avec le triomphe du christianisme. Le copte des chrétiens d’Égypte est l’ultime développement de la langue égyptienne ; il s’écrit au moyen de l’alphabet grec, complété par quelques signes empruntés au démotique. Le copte cesse d’être parlé au XVIIIe siècle, mais il continue d’être utilisé dans la liturgie de l’Église d’Égypte.

Classification
L’égyptien est classé comme étant une langue chamito-sémitique, dont la syntaxe, la forme des pronoms et terminaisons pronominales ainsi que certains mots de vocabulaire, déchiffrés grâce aux hiéroglyphes se rapprochent des langues berbères, sémites et plus ou moins coushites. Plusieurs linguistes avaient remarqué la similarité entre différentes langues d’Afrique du Nord, plusieurs auteurs du XIXe siècle ont nommé cette relation : chamito-sémitique, chamite pour les langues berbères et l’égyptien et sémitique pour les langues telles que l’hébreu, l’arabe ou l’araméen. Plus tard viendront s’ajouter les langues coushites.
Les caractéristiques typologiques sont : Morphologie fusionnelle, racines lexicales consonantiques, une série de consonnes emphatiques, un système à trois voyelles /a i u/, suffixe féminin nominal *-à, nominale m, adjectivale *-i.
Histoire
L’évolution de la langue égyptienne sur plus de 4 500 ans peut se découper en six grandes périodes qui sont identifiées par des particularités phonologiques, grammaticales, lexicales et orthographiques :
L’égyptien dit de « la première phase » :
- l’égyptien archaïque, langue pratiquée durant la période prédynastique égyptienne et la période thinite ;
- le vieil égyptien, langue pratiquée durant l’Ancien Empire et la Première Période intermédiaire ;
- le moyen égyptien, langue pratiquée durant le Moyen Empire et la Deuxième Période intermédiaire, qui représente l’égyptien « classique ».
L’égyptien dit de « la seconde phase » :
- le néo-égyptien, langue pratiquée durant le Nouvel Empire et la Troisième Période intermédiaire ;
- le démotique de la Basse époque ;
- le copte, attesté dès le IIe siècle et encore parlé par les paysans de Haute-Égypte au XVIIe siècle. Il reste la langue liturgique de l’Église copte.
L’écriture égyptienne a été datée d’environ -3200. Ces premiers textes sont généralement regroupés sous le terme général de textes « archaïques égyptiens ».
En 1999, le magazine Archéologie a rapporté que les premiers glyphes égyptiens datent de -34004.
L’ancien égyptien a été parlé quelque cinq-cents ans à partir de -2600. Le moyen-égyptien a été parlé d’environ -2000 pour une durée de sept-cents autres années où le néo-égyptien a fait son apparition ; le moyen-égyptien a toutefois survécu jusqu’aux premiers siècles de notre ère comme une langue écrite, semblable à l’usage du latin au Moyen Âge et de l’arabe classique aujourd’hui. Le démotique apparaît vers -650 et a survécu comme langue parlée jusqu’au Ve siècle de notre ère. Le copte égyptien est apparu au cours du IVe siècle de notre ère et a survécu en tant que langue vivante jusqu’au XVIIe siècle de notre ère. Il a probablement survécu dans la campagne égyptienne en tant que langue parlée pendant plusieurs siècles après. Le dialecte bohaïrique copte est encore utilisé par les églises chrétiennes d’Égypte.
Le vieux, moyen, et néo-égyptien ont tous été écrits en utilisant les hiéroglyphes et hiératique. Le démotique a été écrit en utilisant un alphabet dérivé de l’hiératique, son apparence est vaguement similaire à l’écriture arabe moderne et est également écrit de droite à gauche (bien que les deux peinent à tenir une relation). Le copte est écrit en utilisant l’alphabet copte, une forme modifiée de l’alphabet grec avec un certain nombre de symboles empruntés au démotique pour les sons qui ne se produisent pas dans le grec ancien.
Grammaire
Morphologie
Noms
Les noms égyptiens peuvent être masculin ou féminin (indiqué comme avec d’autres langues afro-asiatiques en ajoutant un-t) ainsi que singulier et pluriel.
Les articles (à la fois définis et indéfinis) ne se développent pas jusqu’à la fin de l’égyptien, mais sont largement utilisés par la suite.
Pronoms
L’égyptien a trois types de pronoms personnels : les suffixes, enclitiques et les pronoms indépendants. Il dispose également d’un certain nombre de terminaisons verbales ajouté à l’infinitif pour former le statif, qui sont considérés par certains linguistes comme un « quatrième » ensemble de pronoms personnels5. Ils portent ressemblance à leurs homologues sémitiques et berbères. Les trois principaux ensembles de pronoms personnels sont les suivants :
| Suffixe | Dépendant | Indépendant | |
| 1er sg | -ı͗ | wı͗ | ı͗nk |
| 2e sg.mas. | -k | tw | ntk |
| 2e sg.fém. | -t | tn | ntt |
| 3e sg.mas. | -f | sw | ntf |
| 3e sg.fém. | -s | sy | nts |
| 1er pl. | -n | n | ı͗nn |
| 2e pl. | -tn | tn | nttn |
| 3e pl. | -sn | sn | ntsn |
Il y a également des pronoms démonstratifs (ce que, celui-ci et ceux-ci), au pluriel masculin, féminin, et commun :
| Mas. | Fém. | Plu. | |
| pn | tn | nn | cet, ce, cette, ces |
| pf | tf | nf | ce, ces |
| pw | tw | nw | cet, ce, cette, ces (archaïque) |
Enfin, il y a les pronoms interrogatifs (quoi, qui, etc.) qui possèdent des ressemblances avec leurs homologues sémitiques et berbères :
| mı͗ | Qui ? Quoi ? | (dépendant) |
| ptr | Qui ? Quoi ? | (indépendant) |
| iḫ | Quoi ? | (dépendant) |
| ı͗šst | Quoi ? | (indépendant) |
| zı͗ | Qui ? | (indépendant et dépendant) |
Verbes
La morphologie verbale égyptienne peut être divisée en deux formes : les verbes finis et non finis. Les verbes qualifiés de finis véhiculent les personnes, le temps / l’aspect, l’humeur, et la voix. Les formes non finies se produisent sans sujet et ils sont l’infinitif et les participes. Il existe deux temps principaux en égyptien : les formes passées et imperfectives. Celles-ci sont déterminées à partir de leur contexte syntaxique.
Adjectifs
L’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec leurs noms.
Prépositions
Les prépositions égyptiennes viennent avant le nom.
| m | dans, comme, avec, de |
| n | pour |
| r | à |
| ı͗n | par |
| ḥn | avec |
| ḥr | sur |
| ḥ | à côté |
| ẖr | sous |
| ḏr | depuis |