Haute de 53 cm, la statue du "scribe accroupis" figure un homme dans la force de l’age assis en tailleur et regardant droit devant lui. Cet oeuvre de calcaire peint, sculptée au environ du XXVem siècle avant J.C., ne cesse d’étonner et de provoquer l’admiration par sa présence et son réalisme. On ne connaît pas l’identité du personnage, mais la qualité exceptionnelle de la statue, le soin particulier apporté au traitement du cops, des yeux et du visage font pencher pour un homme certainement important, peut être Kai, gouverneur de province. Celui-ci, dans la position caractéristique de l’homme qui écrit, assis par terre les jambes croisées, le rouleau de papyrus déroulé sur les genoux, est vêtu d’un simple pagne, tenue ordinaire des Egyptiens, serré à la taille par une ceinture et tombant aux genoux. L’intelligence de sa physionomie et la vivacité de son regard sont soulignées par les yeux rapportés, incrustations de quartz blanc, d’ébène et de cristal de riche serties dans le cuivre. Des yeux aussi "vrai" que ceux de Rahotep et son épouse Nofret, membres de la famille royale de la IIem dynastie, qui parurent tellement vivant au yeux des ouvriers qui ouvrirent leur tombeau que ces derniers, frappé d’effroi, quittèrent le chantier sur le champ.
Le scribe accroupis est un exemple particulièrement représentatif de la statuaire égyptienne des IVe et Ve dynasties. Dans la chambre funéraire est creusée une niche destinée à recevoir une statue du défunt, censé "accueillir" son Kâ. Celui-ci continue d’être considéré comme le véritable représentant de sa personnalisé. Il importe donc de faciliter son existence dans l’au-delà et de garder dans un endroit sûr une statue du mort lui permettant de reconnaître les traits terrestres sous lesquels il s’est incarné. La statue "enveloppe de rechange" au cas ou la momie soit endommagé ou détruite est sculptée, pour l’éternité dans un matériau résistant, granit, calcaire ou cuivre. Le défunt est représenté dans une pose simple et calme, l’âme ne pouvant trouver un asile favorable dans un corps tourmenté. Le visage impassible, est empreint d’une majestueuse sérénité. Ses traits sont reproduits le plus fidèlement possible car seuls, ils permettent au Kâ d’identifier le défunt. Ce réalisme répond, comme en dessin et en peinture, à l’inclinaison des Egyptiens pour l’illusion du vivant qui, cher le scribe accroupis, s’exprime jusque dans la pigmentation de la peau et le modelé du corps.
C’est à la faveur de travaux de déblaiement de l’allée des sphinx conduisant au Serapeum, qu’en 1850, Auguste Mariette met à jour un groupe de statues importantes dont le scribe accroupis et celui, un peu plus petit et moins bien conservé exposé au musée du Caire, malheureusement l’égyptologue ne consignera pas avec précisions les circonstances exactes de leur découverte.
Cette magnifique statue traduit l’aspiration de tout un peuple à s’instruire des secrets de le l’écriture et des sciences. Aspiration qui trouve son idéal dans cette figure de scribe, symbole de la sagesse de ce peuple fascinant.