La pyramide de Khéops
Article mis en ligne le 10 décembre 2005
dernière modification le 20 septembre 2005

Khéops a laissé derrière lui un ouvrage colossal : sa pyramide. » Ainsi Hérodote, l’historien grec qui, vers la moitié du Ve siècle avant Jésus-Christ, visita l’Egypte, définit-il une réalité encore valable aujourd’hui.

On doit à Khéops, pharaon de la IVe dynastie, et à ses successeurs Khéphren et Mykérinos, l’érection des grandes pyramides de Gizeh, objet d’émerveillement dès l’Antiquité et symbole emblématique de la civilisation égyptienne. La pyramide de Khéops est la plus grande et la plus ancienne et figure parmi les Sept Merveilles du monde. Actuellement, la surface externe en est irrégulière, son revêtement ayant été enlevé au cours du Moyen Age, mais nous pouvons néanmoins la considérer comme le prototype de toutes les pyramides et admirer sa perfection géométrique. Cette construction est en effet le symbole du Soleil, le grand dieu Rê, dont le culte prit de plus en plus d’importance pendant la IVe dynastie. La forme même de la pyramide, avec ses grandes arêtes qui, du sommet, déclinent vers le bas, rappelle les rayons du soleil : partant de la pointe (le « un »), elles divergent en s’approchant de la terre (le « multiple ») et, inversement, partant de la diversité terrestre, elles nous ramènent vers l’unité indivisible, le dieu, c’est-à-dire le pharaon.

Le Passage descendant

Ce couloir étroit et bas, qui s’étend sur plus de 90 mètres en diagonale sous le niveau de la pyramide, mène directement à la chambre inachevée. Tout comme cette dernière, le passage descendant est fermé au public ; voici donc l’occasion de vivre une émotion réservée à peu de monde. Très semblable au passage ascendant, il est encore plus étroit et semble véritablement s’enfoncer dans les entrailles de la terre. Les gros blocs de calcaire ne sont pas toujours parfaitement polis, peut-être parce que cette section de la pyramide ne fut jamais utilisée et que les travaux ne furent jamais terminés. Les principes de simplicité et de perfection presque géométrique qui caractérisent l’art égyptien, unis à un goût austère, se retrouvent également dans des ouvrages d’architecture telle que la pyramide de Khéops et proposent une fois encore le concept de l’éternelle solitude du pharaon, détaché du reste des humains et vivant en union avec Dieu.

Le Passage ascendant

Immédiatement après l’entrée de la pyramide, située comme toujours au nord, on voit s’ouvrir sur le mur de droite ce que l’on appelle le passage ascendant. Il constitue pour de nombreux visiteurs le véritable point de départ du long et fatigant parcours qui permet d’atteindre la chambre sépulcrale du pharaon. Ce couloir exhale une atmosphère secrète et intime, grâce à laquelle le visiteur se trouve immédiatement plongé dans un monde de sensations nouvelles. C’est un passage très étroit et raide qui permettait uniquement le transport de la momie du pharaon et excluait sans aucun doute tout cortège funèbre. Dans les pyramides telle que celle de Khéops, les salles de ce genre sont fréquentes ; elles remplissaient une double fonction : l’une de type architectural - elles devaient rendre l’accès à la chambre mortuaire malaisé et conjurer une violation éventuelle du tombeau -, et l’autre de type plus technique, en vue de distribuer au mieux le poids d’une construction de dimensions considérables, en grande partie creusée dans le rocher.

La Grande galerie

partie basse

La « grande Galerie », l’un des plus imposants ouvrages de l’Antiquité, offre un coup d’œil unique au visiteur provenant du couloir ascendant, bas de plafond et étroit : les parois, en pierre calcaire polie, s’élèvent verticalement sur plus de deux mètres et s’inclinent ensuite doucement vers l’intérieur pour former un plafond voûté, présentant 7 niveaux de pierres saillantes. La position stratégique de la grande Galerie qui, dans sa partie basse, donne accès à la pièce dite « chambre de la Reine » et, dans sa partie haute, à la « chambre du Roi », ferait plutôt penser à une pièce de liaison entre les deux salles principales de l’ensemble.

Chambre de la Reine

Ce nom de « chambre de la Reine » lui a été attribué par les Arabes, mais il s’agit d’un titre purement conventionnel, tout comme celui de la « chambre du Roi », les archéologues n’y ayant en fait rien trouvé. On y accède par la partie basse de la grande Galerie et, quoique plus petite que la chambre du Roi, elle n’en reste pas moins tout aussi suggestive. La couverture du plafond est en flèche et les grands blocs de granit rose sont insérés avec une telle précision que les interstices ne se voient pratiquement pas. Les architectes égyptiens ont ici donné une démonstration exceptionnelle de leur savoir-faire et de leur habileté technique.

L’hypothèse a été avancée que, d’après le projet originel, c’est ici qu’aurait dû se trouver la chambre sépulcrale du pharaon et que l’on aurait changé la destination de cette pièce plus tard seulement. S’il en est vraiment ainsi, les deux salles, qui se trouvent sur le même axe vertical, représenteraient deux phases distinctes de la construction de la pyramide.

La Grande galerie

partie haute

Malgré un excellent état de conservation, il n’a pas été possible d’établir avec certitude la fonction que remplissait cette salle et aucun savant n’a jusqu’ici été en mesure de présenter la moindre hypothèse vraiment convaincante : on a pensé à une sorte d’entrepôt pour les grands blocs de granit employés pour clore l’accès à l’ensemble sépulcral, mais il est peu vraisemblable qu’un ouvrage architectural si singulier, exécuté avec un tel savoir-faire et une telle perfection, ait été destiné uniquement à cela.

La Chambre du pharaon

La chambre du pharaon est le cœur de la pyramide, l’endroit le plus secret et le plus sacré, celui que le visiteur attend avec le plus de trépidation. Il n’en est malheureusement resté que le sarcophage du roi, construit en larges blocs de granit rose. La momie du pharaon Khéops a disparu, avec ce qui devait être un riche trousseau funèbre, avant l’arrivée des archéologues. Le complexe sépulcral comprend un vestibule en granit rose dans lequel s’ouvre une petite porte menant à la véritable chambre de déposition. Celle-ci est entièrement en granit rose d’Assouan et les murs, composés de cinq énormes blocs de granit, soutiennent un gigantesque plafond ; la perfection technique et la simplicité se marient à des dimensions exceptionnelles par lesquelles la pièce acquiert une atmosphère très suggestive, dégageant une grande sensation de paix. En face du mur ouest se dresse le sarcophage, sans couvercle et resté inachevé, comme le montre la surface, encore brute par endroits ; en raison de ses dimensions considérables, il fut déposé avant la fermeture définitive de la pyramide. Aucune inscription ne figure sur sa surface et nous n’avons donc aucune certitude que la pyramide qui lui était destinée ait vraiment été la dernière demeure du pharaon Khéops.