L’obélisque
Article mis en ligne le 11 octobre 2019
dernière modification le 20 août 2019

Tirant son nom d’un mot grec signifiant « broche », l’obélisque est une survivance du culte préhistorique des pierres dressées (bétyles). Au cours de l’Ancien Empire égyptien, sous la Ve dynastie ( 2510- 2460), les temples solaires d’Abousir présentaient des dispositifs construits en blocs ajustés, se dressant, en pointe, sur un socle élevé, dans une cour à ciel ouvert ; le soleil se levait sur la pointe d’un tel benben et caressait de ses rayons les offrandes déposées sur l’autel placé en avant.

Au premier plan l’obélisque de Hatchepsout, au fond l’obélisque de Thoutmôsis III ; Karnak

À Héliopolis même, on a exhumé en 1972 la partie supérieure d’un obélisque en quartzite jaune au nom de Téti, pharaon de la VIe dynastie, et l’on sait, d’après l’inscription gravée dans la tombe d’un gouverneur d’Éléphantine, que deux obélisques en granite provenant des carrières d’Assouan furent transportés jusqu’à Héliopolis sous le règne de Pépi II. Sous les Ve et VIe dynasties, de petits obélisques funéraires en calcaire étaient parfois érigés de part et d’autre de l’entrée des tombes dans les nécropoles de Saqqara, d’Héliopolis et de Giza.

Le plus ancien obélisque de l’Égypte antique, conservé in situ, se trouve à Héliopolis ; monolithe de granite de 20,4 m de hauteur, il flanquait avec un autre obélisque l’entrée du temple dédié à -Horakhty par Sésostris Ier. Sous le Nouvel Empire, les obélisques se multiplièrent sur le territoire égyptien ; dressées devant les pylônes des temples où était vénérée une divinité identifiée à une forme du dieu solaire, ces aiguilles pétrifiées en granite rose d’Assouan dont la pointe (le pyramidion), recouverte d’or, étincelait au soleil, étaient l’image du lien entre le monde terrestre et l’univers céleste. Les quatre faces du monument et le socle étaient gravés d’inscriptions dédicatoires. L’extraction, le transport jusqu’au (Nil->203], puis le transport par bateau, et l’érection, dans des délais records, constituaient de véritables prouesses techniques. Un obélisque inachevé, gisant encore dans les carrières d’Assouan, mesure 42 mètres de longueur.

Le plus haut obélisque encore debout en Égypte est celui de la reine Hatshepsout, qui se dresse au cœur du temple d’Amon à Karnak ; il mesure 30 mètres et pèse environ 320 tonnes. L’obélisque de la place du Latran, à Rome, haut à l’origine de plus de 33 mètres, avait été conçu exceptionnellement comme un obélisque unique par Thoutmosis III, dressé dans le temple de l’Est à Karnak, puis transporté jusqu’à Rome sous Constance II (357). Les obélisques ont, en effet, connu une grande vogue dans l’Antiquité et suscité les convoitises ; ils étaient par excellence le symbole de l’Égypte. Assurbanipal en avait emporté deux à Ninive ; plusieurs furent transportés à Byzance. Les empereurs romains en ont fait apporter un grand nombre à Rome, où se comptent aujourd’hui treize obélisques debout.

Remis en honneur par la Renaissance, leur déplacement et leur érection sur les places de Rome ont été abondamment commentés dans les écrits de l’époque ; on connaît les difficultés techniques qui durent être surmontées pour ériger l’obélisque placé devant le Vatican en 1586 à la demande du pape Sixte Quint. Certains obélisques n’ont quitté l’Égypte qu’au siècle dernier, comme ceux de Londres, New York ou Paris ; l’obélisque dressé en 1836 au centre de la place de la Concorde à Paris provient d’une paire érigée par Ramsès II devant le pylône du temple de Louxor.

L’obélisque de Louxor

Liste d’obélisques égyptiens par ordre chronologique

  • o bélisque de Pépi Ier à Héliopolis ; premier obélisque monolithe connu, actuellement fragmentaire, ses restes sont visibles sur le site ;
  • obélisque de Sésostris Ier à Héliopolis ;
  • obélisques de Thoutmôsis Ier à Karnak ;
  • obélisques d’Hatchepsout à Karnak ;
  • obélisques de Thoutmôsis III à Héliopolis puis à Alexandrie aujourd’hui à Londres et à New York ;
  • obélisques de Thoutmôsis III à Karnak, dont un (obélisque de Théodose) est actuellement à Istanbul ;
  • obélisque d’Amenhotep II à Éléphantine (Assouan), aujourd’hui à Durham (Angleterre) ;
  • obélisque de Thoutmôsis III et Thoutmôsis IV à Karnak, aujourd’hui à Rome (obélisque du Latran) ;
  • obélisque de Séthi Ier à Héliopolis, aujourd’hui à Rome, obélisque de la piazza del Popolo ;
  • obélisques de Séthi Ier à Héliopolis, aujourd’hui à Alexandrie (fouilles du Phare) ;
  • obélisques de Ramsès II à Louxor dont l’un des deux est place de la Concorde à Paris ;
  • quatre obélisques de Ramsès II à Héliopolis, aujourd’hui à Rome, un sur la Piazza della Rotonda (obélisque du Panthéon), un près des thermes de Dioclétien (appelé obélisque du monument de Dogali), un à la villa Celimontana, et un à Florence, jardin de Boboli ;
  • obélisques de Ramsès II à Pi-Ramsès puis à Tanis ; on en a dénombré pas moins d’une vingtaine encore sur place mais brisés parfois en trois parties... ;
  • deux obélisques de Ramsès II au Caire, un dans l’île d’El Jézirah, l’autre près de l’aéroport, autrefois à Tanis ;
  • obélisque de Ramsès II, achevé par Mérenptah puis Séthi II dit « obélisque de Berlin », où il était conservé (Berlin, Ägyptisches Museum und Papyrussammlung) ; provenance : Athribis ; aujourd’hui au musée archéologique de Poznań en Pologne ;
  • obélisque de Ramsès II, achevé par Mérenptah puis Séthi II, pendant de l’« obélisque de Berlin ». Conservé au musée du Caire ; provenance : Athribis ;
  • obélisque de Mérenptah, dit « obélisque de Qaha », du lieu de sa découverte. Jardin du musée du Caire. Provenant sans doute d’Héliopolis ;
  • obélisque de Séthi II à Karnak, allée des sphinx du temple d’Amon ;
  • obélisque de Psammétique II à Héliopolis aujourd’hui à Rome, piazza di Montecitorio ;
  • obélisques d’Apriès à Saïs, aujourd’hui à Rome, piazza della Minerva et à Urbino, piazza del Rinascimento ;
  • obélisque de Nectanébo II à Hermopolis, aujourd’hui au British Museum ;
  • obélisque de Ptolémée VIII à Philæ, aujourd’hui à Kingston Lacy House (Grande-Bretagne) ;

d’autres obélisques, probablement tous égyptiens, mais d’époque romaine, se trouvent aujourd’hui sur les sites suivants :

  • obélisque du Vatican, Rome (provient d’Alexandrie, et peut-être d’Héliopolis) ;
  • hippodrome de Césarée (Israël) ;
  • obélisque du Quirinal, Rome ;
  • obélisque de l’Esquilin, Rome ;
  • obélisque de la Trinité-des-Monts (ou « des Jardins de Salluste », ou « de la place d’Espagne »), Rome ;
  • obélisque de la piazza Navona, Rome ;
  • obélisque du Pincio, Rome ;
  • paire d’obélisques du temple d’Isis à Bénévent ;
  • obélisque de la piazza del Duomo, à Catane (Sicile) ;
  • obélisque de Munich.

Liste d’obélisques égyptiens classés par lieux actuels

Karnak
  • obélisques de Thoutmôsis Ier à Karnak ;
  • obélisques d’Hatchepsout à Karnak ;
  • obélisques de Thoutmôsis III à Karnak, dont l’un est l’obélisque de Théodose, sur l’hippodrome de Constantinople à Istanbul ;
  • obélisque de Séthi II à Karnak, allée des sphinx du temple d’Amon.
Louxor
  • paire d’obélisques de Ramsès II à Louxor dont l’un est l’obélisque de Louxor, sur la place de la Concorde à Paris.
Héliopolis
  • obélisque (fragmentaire) de Pépi Ier à Héliopolis.
  • obélisque de Sésostris Ier à Héliopolis.
Alexandrie
  • obélisques de Séthi Ier à Héliopolis, aujourd’hui à Alexandrie (fouilles du Phare).
Le Caire
  • jardin du musée du Caire ; obélisque de Mérenptah, dit « obélisque de Qaha », du lieu de sa découverte. Provenant sans doute d’Héliopolis ;
  • deux obélisques de Ramsès II au Caire, un dans l’île d’El Jézirah, l’autre près de l’aéroport, autrefois à Tanis ;
  • musée du Caire : obélisque de Ramsès II, achevé par Mérenptah puis Séthi II, pendant de l’« obélisque de Berlin » ; provenance : Athribis.
Tanis
  • obélisques de Ramsès II à Pi-Ramsès puis à Tanis ; on en a dénombré pas moins d’une vingtaine encore sur place, mais brisés parfois en trois parties.